"De sang et de fer" est un album cartonné d'approximativement cent quarante planches (sans inclure les bonus), sorti en janvier 2014 dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics. C'est le troisième tome de la "Wonder Woman" de la "Renaissance DC", démarche de DC Comics initiée fin 2011 visant à rafraîchir son univers. Ce volume comprend les numéros 0 (novembre 2012), puis 13 à 18 (décembre 2012 à mai 2013) de la série "Wonder Woman".
Brian Azzarello (voir "Superman : Lex Luthor", ou "Joker") écrit le scénario. Cliff Chiang dessine les épisodes #0, 15, et 16, Tony Akins, les #13 et 14, et le 17, qu'il signe avec Amilcar Pinna. Le #18 est le fruit d'un travail commun entre Akins, Goran Sudžuka, et Chiang. Si Chiang et les autres encrent leurs propres planches, Dan Green et Rick Burchett se chargent de celles d'Akins. Enfin, Matthew Wilson et Nick Filardi se répartissent la mise en couleur.
À l'issue du tome précédent, Zola accouche d'un garçon qu'Hermès enlève et apporte à Déméter. Diana lui jure de le lui ramener. Un bras sort du sol en Antarctique. Orion prend un tunnel "boum".
Le passé, sur l'île de Themyscira. Une Diana adolescente escalade une falaise à mains nues. Juste au-dessus d'elle, un replat sur lequel a été installé un nid dans lequel sont logés trois gros œufs, chacun de la taille de la tête d'un être humain. Les bras de la jeune fille, sollicités par l'effort physique, la font souffrir. Elle parvient néanmoins à poser le pied sur la zone. De plus haut dans le ciel, une harpie lui ordonne de s'éloigner de ses petits, et lui affirme qu'elle reconnaît là Diana, la princesse des Amazones. La future Wonder Woman demande au monstre si elle sait de quel jour il s'agit ; la créature surnaturelle réplique que ce sera celui où elle lui arrachera les yeux. Mais alors qu'elle amorce un piqué, Diana rétorque qu'il s'agit du jour de son anniversaire et ajoute en plongeant dans l'eau que l'œuf qu'elle emporte sera le gâteau...
L'épisode #0, qui revient sur la nature de la relation entre Arès et Wonder Woman, s'avère utile pour mieux comprendre la suite. Ces quelques pages représentent le sommet de l'album, car pour le reste, ce troisième tome pâtit d'un certain manque de rythme. Wonder Woman cherche une piste pour retrouver le nourrisson, mais ne sait pas par où commencer ; Lennox l'aiguille vers d'autres frères et sœurs (Siracca et Milan), un artifice scénaristique de l'auteur qui lui permet d'agrandir sa galerie de personnages, de gagner du temps en multipliant les rencontres, et surtout d'éviter de laisser l'impression qu'il traîne en longueur. Malgré la linéarité qui s'installe, cette succession de numéros exploite deux éléments annoncés à l'issue du second tome : l'entrée en scène du Premier-Né, et l'intervention d'Orion, missionné par le Haut-Père. Azzarello complexifie donc son histoire et dirige jusqu'à trois sous-intrigues de façon simultanée : la quête de Diana (l'Amazone a donné sa parole à Zola), le retour à la vie du Premier-Né (là aussi, avec de nouveaux protagonistes), et les complots de palais et rivalités entre enfants de Zeus. Malheureusement, le lecteur pourra être dubitatif à l'égard de la manière dont Azzarello équilibre ces différentes parties. Les passages consacrés au Premier-Né, par exemple, varient entre une et trois planches, moins que ce qui est accordé aux autres éléments ; cela nuit à la fluidité de la narration et crée une sensation de décousu, d'interruption permanente. Malgré ces faiblesses, l'humour, l'un des composants importants de cette mouture, est bien présent et se traduit par des répliques bien senties ainsi que par la rivalité - puis l'amitié naissante - entre Zola et Héra. Encore une fois, c'est de la partie graphique que cette somme pâtit le plus. Sur les numéros qui constituent ce recueil, le talentueux Chiang, au trait stylé, élégant, équilibré, sans surcharge, et exprimant un certain classicisme, n'en dessine que trois, hélas. Les quatre restants ont été attribués à Akins, dont le coup de crayon plus anguleux, moins constant, génère des visages qui manquent parfois singulièrement de grâce, d'harmonie, de régularité ; or, cette icône terriblement exigeante qu'est Wonder Woman commande le meilleur.
Thomas Davier produit une traduction satisfaisante et un texte très soigné. La maquette est professionnelle. L'éditeur a pensé à ajouter un résumé du tome antérieur. Certains regretteront peut-être l'absence d'une table des matières et de pagination.
Malgré ses qualités, cette série commence à s'essouffler. La gestion des intrigues par Azzarello marque le pas, s'étire, et le titre continue à souffrir d'une irrégularité de la partie graphique, le fossé existant entre Chiang et Akins étant trop manifeste.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Un an plus tard, a reprise de la lecture de la série et un même ressenti que toi pour ces épisodes : baisse de la qualité graphique dès que ce n'est plus Cliff Chiang qui dessine, déséquilibre dans 3 fils narratifs (même si mon ressenti est que celui relatif au Premier Né est privilégié en termes d'importance) et beaucoup, beaucoup de personnages ce qui rend difficile de s'y attacher (Aphrodite, Apollo, Ares, Artemis, Demeter, Dionysus, First Born, Hephaestus, Hera, Hermes, Highfather, Lennox, Milan, Orion, Siracca, Strife, War, Zola), ce qui laisse peu de place à chacun pour exister).
RépondreSupprimerJe vois que nous sommes plutôt d'accord sur cet album ; à l'époque de la sortie de cette série, je m'étais arrêté au second tome. J'ai repris la lecteur du titre, mais je ne suis toujours pas convaincu.
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