"La Légion des trois mondes" est le quatrième tome des six de la quasi-intégrale consacrée par Urban Comics à la période de Geoff Johns sur le personnage de Superman. Cet album de cent soixante-dix planches (approximativement) est sorti en juin 2014 dans la collection Signatures de l'éditeur. Il contient l'entièreté des cinq parties (#1 à 5) de la mini-série VO publiée entre octobre 2008 et septembre 2009, sous le titre de "Final Crisis: Legion of 3 Worlds".
Johns écrit les scénarios de tous les numéros. George Pérez réalise tous les dessins ; son travail est encré par Scott Koblish. Enfin, les studios Hi-Fi Design s'occupent de la tâche de mise en couleur.
À l'issue du tome précédent, après avoir espionné Superman, le Piégeur temporel, estimant mériter mieux que le sort qu'il a reçu, jure qu'il corrompra tout ce pour quoi l'Homme d'acier s'est battu.
La fin des temps. Le Piégeur temporel se tient debout sur un roc suspendu dans l'espace, qui flotte à la dérive, et que surmontent les quelques ruines d'une cité qui fut moderne jadis. L'entité regarde les cafards qui se déplacent vers lui et grimpent sur sa robe. Ces insectes survivront toujours, comme lui. Il les compare aux Légionnaires, ces misérables cloportes répugnants ; mais pourquoi refusent-ils donc de mourir ? Il a bien tenté de leur arracher leurs âmes et de leur faire oublier Superman, mais ils résistent. C'est pourquoi il en arrive à cette extrémité. Devant lui, le portail temporel qu'il observe patiemment charrie une silhouette inanimée. Pour que la Légion disparaisse, le Piégeur temporel va devoir utiliser ce garçon, cet être aux rêves brisés, fait de sang et de rage, perdu dans le temps, désormais retrouvé. Sa main colossale s'empare du naufragé, et relance son corps inerte à travers le portail afin qu'il remonte le temps. Il traverse toutes les époques avant de s'arrêter à un beau jour de 3008 à Smallville, dans le Kansas. Il est 05h13. Jun et Mara Kent déjeunent et regardent la télévision...
"La Légion des trois mondes" met en scène Superman et trois versions de la Légion des Super-Héros, l'originelle, celle de 1994, et celle de 2004 dans une histoire qui se déroule en 3008, principalement sur Terre, mais également sur d'autres planètes, et qui démarre presque immédiatement après les événements contés dans "Retour au XXXIe siècle", qu'il est fortement conseillé de lire ou de relire. "La Légion des trois mondes" est tout sauf une aventure accessible au lecteur "débutant" ou occasionnel, car elle fourmille de références à la Continuité de l'univers DC Comics et à plusieurs événements éditoriaux organisés par l'éditeur. Cette mini est d'abord rattachée à "Final Crisis", qu'elle vient enrichir d'éléments connexes. Dans un entretien de 2008, Johns avait également affirmé qu'il souhaitait, avec "La Légion des trois mondes", reprendre certaines sous-intrigues de "The Lightning Saga" là où Brad Meltzer et lui les avaient laissées. Ensuite, le scénario de l'album évoque plusieurs fois les actes de l'un des principaux antagonistes de "La Guerre de Sinestro" (voir "Geoff Johns présente Green Lantern"), qu'il ne sera néanmoins pas indispensable de maîtriser dans ses moindres détails. Johns puise dans le folklore de la Légion pour en extraire un riche panel de super-vilains, avec, entre autres, Mordru, les Cinq Fléaux (les Fatal Five en VO) ; là encore, de solides connaissances du monde de DC Comics seront précieuses. L'histoire reste déchiffrable même si l'on fait l'impasse sur cet aspect lié à la Continuité, au risque de passer complètement à côté des références et de n'en retenir que cet affrontement banal, bavard, et spectaculaire entre deux factions de métahumains sur fond d'univers multidimensionnel et de paradoxe temporel. Johns structure tous ces éléments dans une narration claire, qu'il émaille de nombreuses scènes-chocs et de multiples retournements de situation, autour de caractérisations fidèles. Pérez façonne une partie graphique classique et soignée. Il reproduit une impressionnante pléiade de personnages avec la minutie et la régularité qui le distinguent. Il omet les arrière-plans lorsque cela se justifie. Son découpage permet à l'action de rester lisible. Les contrastes vifs de la mise en couleur sont satisfaisants.
La traduction de Thomas Davier est globalement honorable, bien qu'elle soit parfois terriblement littérale, et que son texte pâtisse de deux ou trois fautes de français, d'accord ou de genre. Le dossier explicatif situé à la fin du recueil se révélera utile.
"La Légion des trois mondes" s'adresse avant tout aux amateurs de la Légion et de la Continuité de l'univers DC. Les autres n'y verront qu'un affrontement manichéen et une bataille rangée entre deux camps rivaux de créatures dotées de super-pouvoirs.
Mon verdict : ★★★☆☆
J'avais bien aimé cette histoire qui constituait un retour sur investissement de plusieurs années passée à essayer de comprendre l'historique de la Légion. Goeff Johns révélait enfin la mission de Starman qui était perdu dans la JSA depuis The Next Age. l'écriture du commentaire amazon avait été l'occasion pour moi d'essayer de synthétiser cette chronologie de la Légion des Superhéros.
RépondreSupprimerSouvenez-vous : Crisis on Infinite Earths (1985) avait permis de faire du ménage dans la continuité de l'univers DC en supprimant la notion de multivers. Cette histoire avait amené à une relance de Superman dans L'homme d'acier qui introduisait une modification de taille : Clark Kent n'était pas passé par la case Superboy. Depuis bien de l'eau a coulé sous les ponts et Infinite Crisis et Final Crisis ont réintroduit le multivers. En plus Geoff Johns a rétabli la période pendant laquelle Clark Kent a été Superboy. Or cette version de Superboy constitue l'élément qui a conduit à la création de la Legion of Super Heroes (LoSH) au trentième et au trente et unième siècle. Finalement les maîtres à penser de DC ont jeté l'éponge et ont validé l'existence de 3 équipes de LoSH issues de différentes périodes de la continuité et surnommée Pre-boot (l'équipe bénéficiant de la continuité originale commençant en 1958 et valide en 2010), Re-boot (l'équipe créée avec sa propre continuité en 1994) et Three-boot (l'équipe créée avec encore une autre continuité en 2004).
Des années après, les conséquences de cette Continuité sur le plan éditorial sont tout bonnement incroyables. Pour ma part, j'estime qu'il est impossible d'intéresser le grand public avec des publications comme celles-là. Dans l'absolu, cela n'ôte rien au travail de Johns, qui parvient à rendre tout cela à peu près compréhensible.
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