"Année un" est le premier tome de "Justice League of America", une série en sept volumes - qui s'arrête donc au nº6 - publiée dans la collection "DC Classiques" d'Urban Comics de juin 2015 à février 2019 ; sorti en juin 2015, c'est un recueil format 17,5 × 26,5 cm à la couverture cartonnée, qui comprend trois cent seize planches (couvertures incluses), ainsi que huit pages de bonus : une frise chronologique et quelques illustrations en double page. Au sommaire, les versions françaises des douze périodiques qui forment la minisérie "JLA: Year One" - parue entre janvier et décembre 1998 - puis une histoire courte extraite du "Secret Origins" (volume 2) #46 de décembre 1989 : "Fantômes de Pierre" ("Ghosts of Stone").
Mark Waid (entre autres : "Kingdom Come") et Brian Augustyn ("Gotham by Gaslight") signent le scénario. Les dessins sont de Barry Kitson. Outre Kitson, Michael Bair, John Stokes, et Mark Propst se partagent la tâche d'encreur. Pat Garrahy en compose la mise en couleur. Grant Morrison est l'auteur du "Secret Origins" 46, qui est illustré par Curt Swan (1920-1996), encré, et mis en couleur par le Canadien George Freeman (cofondateur de Digital Chameleon).
Un Afro-Américain à la mine austère entre dans une pièce sombre. Elle est meublée d'un bureau, d'un fauteuil et d'un guéridon sur lequel reposent une carafe et des verres, et ses murs sont recouverts d'écrans de projection. Il se débarrasse de son imperméable et s'attable devant un calepin. Son apparence change soudainement ; c'est maintenant une femme blanche et blonde d'une petite trentaine d'années. Elle saisit la télécommande, et allume les moniteurs d'un clic. Les actualités ne semblent couvrir qu'un seul et unique sujet : les récentes interventions de Flash, à Keystone City ; d'Aquaman, dans les eaux de l'Atlantique ; du Limier martien, à Middleton ; de Green Lantern, à Coast City ; et de Black Canary, à Star City. La femme se métamorphose elle aussi, en un agent de police puis en un agent hispano-américain de la Garde côtière...
"Année un" est un arc en douze parties qui narre la formation de la Ligue de Justice. Waid et Augustyn y revisitent et approfondissent les origines du supergroupe telles qu'elles furent contées en plein Âge d'argent, dans le "Justice League of America" #9 de février 1962. L'action est centrée sur cinq super-héros qui n'en sont encore qu'à leurs débuts : le Green Lantern Hal Jordan, Aquaman, le Limier martien, Flash (Barry Allen), et Black Canary (qui remplace Wonder Woman - seul personnage féminin à figurer dans le "Justice League of America" #9) ; exit Batman, Superman, et Wonder Woman. Ces cinq-là ne se connaissent pas : leur absence de liens constitue l'un des moteurs principaux de l'intrigue. L'histoire s'ouvre sur leur victoire contre la Créature de bois, un guerrier appellaxien. Dès lors, les questions les plus évidentes vont se poser. S'ils doivent continuer à travailler ensemble, y parviendront-ils comme une équipe ou ne resteront-ils qu'une somme d'individualités ? Se feront-ils mutuellement confiance ? Un leader va-t-il s'imposer naturellement, ou sera-t-il élu ? Comment se positionneront-ils envers les autorités ? Comment gèreront-ils leur image auprès du grand public ? Réussiront-ils à mener de front obligations super-héroïques et vie privée ? Waid et Augustyn traitent les problèmes soulevés avec beaucoup d'imagination et d'excellentes idées (par exemple : la romance inattendue, la surveillance surprenante, etc.), en restant fidèles à la mythologie classique de la Ligue et en s'assurant que le récit reste accessible à tous. L'intrigue est captivante et présente un équilibre incontestable. En revanche, les caractérisations pèchent un peu : si Aquaman est déconcertant et que Flash en étonnera plus d'un, ces justiciers - même pour des super-héros débutants - affichent une naïveté trop prononcée, qui se retrouve souvent dans des dialogues et répliques d'adolescents, plutôt convenus. À cela s'ajoute une partie graphique qui - plus de vingt ans plus tard - accuse le poids des ans. L'artiste, bien qu'il exagère parfois les expressions, évolue dans un registre réaliste classique - trait fin et régulier - qui manque d'un zeste de personnalité. Ses plans sont serrés et ses fonds de cases optimisés. L'encrage est léger ; la mise en couleur est grisâtre.
La traduction a été confiée à Jean-Marc Lainé. Malgré le texte soigné, quelques fautes ont été relevées : ici, "Red" signifie "rouquine", pas "rougeaud" ; "Général Flash" aurait été plus approprié que "Général Éclair" (p. 301) ; enfin, une faute de nombre.
Waid et Augustyn proposent une relecture parfois passionnante des premiers pas de la Ligue de Justice. Il y a malheureusement une certaine désuétude dans tout cela, peut-être à cause des caractérisations naïves, et d'une partie graphique qui a vieilli.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
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Je n'ai pas lu cette année un. J'ai bien aimé ta liste de questions qui donne une bonne idée de l'approche des coscénaristes. Je suppose que Barry Kitson n'était pas très en forme, parce que d'habitude j'aime bien ce qu'il fait.
RépondreSupprimerJe ne suis pas un grand amateur de Kitson, dont je trouve que le style manque de personnalité. Il ne manquait pas grand-chose - peut-être éviter quelques clichés - pour que cette œuvre me captive plus qu'elle ne l'a fait.
SupprimerEn revanche, je n'ai pas du tout l'intention de lire la suite (les six volumes suivants).