Le septième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre au personnage de Daredevil renferme les versions françaises - dans l'ordre - des huit premiers numéros de la série régulière "Daredevil" de 1971 - du #72 de janvier au #81 de novembre ; des "Iron Man" #35 et 36, déjà publiés dans l'intégrale "Iron Man" 1970-1971 ; et des compléments des "Amazing Adventures" (volume 2) #1-8. Cet épais album au format 17,7 × 26,8 centimètres, à couverture cartonnée et à jaquette amovible, est sorti en février 2020. Il compte approximativement trois cent trente-cinq pages.
Gerry Conway écrit les "Daredevil" , sauf le #79, signé Gary Friedrich (1943-2018) et les "Iron Man". Friedrich, Mimi Gold, et Roy Thomas se répartissent les "Amazing Adventures" ; ils laissent le #8 à Conway. Gene Colan (1926-2011) dessine les "Daredevil" et trois "Amazing Adventures" ; le reste est divisé entre John Buscema (1927-2002) et Don Heck (1929-1995), qui illustre également "Iron Man". Et pour finir, l'encrage : Syd Shores (1916-1973), Mike Esposito (1927-2010), Tom Palmer, Jack Abel (1927-1996), John Verpoorten (1940-1977), Bill Everett (1917-1973) et Sal Buscema.
À l'issue du tome précédent, Daredevil s'attaque au Tribun. Ce dernier se dégage, mais Daredevil lui lance une statuette piégée tandis qu'il part en hélicoptère, causant l'explosion de l'appareil.
Il est minuit, à New York. Une ombre silencieuse se glisse à travers les salles du Metropolitan Museum of Art ; elle s'empare d'un tableau accroché à un mur. Aussitôt, l'alarme se déclenche. Le voleur peste, mais peu importe : le tableau est entre ses mains ! Dehors, deux agents de police garent leur véhicule devant la façade. Le premier ordonne à son partenaire Connors, qui cherche les lampes, de s'activer : pourquoi ce type est-il le plus balourd de la brigade ? Il aurait dû écouter sa mère et devenir dentiste. Sur les toits, le cambrioleur est au sol et reste tapi dans l'ombre...
Panini Comics France s'éloigne de la formule originelle de ses intégrales pour dupliquer le contenu des "Marvel Masterworks" de la VO. Dorénavant, les albums de cette collection privilégieront la complétude, en intégrant les récits croisés entre franchises ; c'est pourquoi il y a deux "Iron Man". Ensuite, des épisodes de séries parallèles y seront ajoutés en prévision de développements à venir alors qu'ils semblent hors sujet dans l'immédiat. De là les tribulations de la "nouvelle" Veuve noire, juste avant qu'elle ne figure dans "Daredevil" ; la série sera d'ailleurs intitulée "Daredevil and the Black Widow" d'octobre 1972 à janvier 1974 avant un retour au titre d'origine. Les volumes gagnent en épaisseur, mais couvrent difficilement une année complète à cause du nombre croissant d'imbrications entre les franchises. La qualité n'est pas au rendez-vous, malheureusement : les scénarios sont d'un ennui confondant (Conway essaye même de jouer la carte exotique, en envoyant Matt Murdock au Delvadia, un pays fictif d'Amérique latine), d'autant que les adversaires ne sont guère brillants : entre autres, le Zodiaque, dans une histoire sans queue ni tête, El Condor, dans une aventure invraisemblable, l'inénarrable Taureau, un bel exemplaire de force brute sans cervelle qui permet à l'auteur d'évoquer la criminalité rampante à New York. Le Hibou relève un peu la moyenne. Avant ça, les lecteurs subiront près d'une centaine de pages avec la Veuve noire sans Daredevil, dans une intrigue aux relents sociaux convenue et à la linéarité pesante qui dépeint les activistes de façon candide, et dénonce la corruption parmi les politiciens et les liens de certains d'entre eux avec le crime organisé. Quant à Daredevil, il alterne boutades pénibles et peu inspirées lorsqu'il rosse des vilains, et soliloques plaintifs et pleurnicheries lorsqu'il patrouille et que ses pensées dérivent vers Karen Page. Hélas, la partie graphique du talentueux Colan ne réussit pas à faire oublier la médiocrité des histoires et du texte. Outre le Daredevil de l'artiste, qui surprend toujours autant par sa fluidité, notez l'expressivité frappante des compositions ou cette utilisation remarquable des zones d'ombre. L'emploi fréquent et sans modération des lignes de mouvement finit par lasser l'œil.
La traduction a été répartie entre Laurence Belingard et Nicole Duclos : deux noms qui feront frémir les amateurs. Il n'y a cependant aucun reproche majeur ; le texte est satisfaisant, malgré une petite faute d'orthographe qui est parvenue à s'infiltrer.
Voilà un recueil dans lequel le moyen et le mauvais se succèdent ; cette nouvelle approche éditoriale nous vaut une brochette d'épisodes sans intérêt, et constitue une somme qui représente ce qui a été écrit de pire pour la série depuis son lancement.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Super le lien vers Mimi Gold : je ne me souvenais absolument pas de ce nom et je viens de découvrir qu'il s'agit d'une femme.
RépondreSupprimerMince ! Si même Gene Colan n'arrive pas à rendre les épisodes intéressants, les scénarios doivent vraiment être à ras les pâquerettes. Je ne me suis pas lancé dans une exploration de sa carrière, mais je suppose qu'il devait y avoir des épisodes moins bons que d'autres.
Les albums de cette collection privilégieront la complétude. - C'est effectivement une politique à double tranchant. La collection Epic Collection en VO adopte une approche similaire et mon intérêt varie selon ce que je cherche. Par exemple pour la série Captain America, je ne souhaitais lire que les épisodes écrits par Mark Gruenwald, et des fois un tome inclus une minisérie que j'ai déjà lue et que j'avais déjà trouvé mauvaise. D'autre fois, ça permet de retrouver un hors série plus réédité comme Inner Fury (de Sienkiewicz) dans un Epic Collection de la série Wolverine.
Mimi Gold, oui, aussi connue sous le pseudo Maddy Cohen, indique l'article.
SupprimerTu dois savoir que j'adore le style de Gene Colan. Mais rien à faire : je dois faire partie de ceux qui pardonnent plus facilement une bonne histoire avec de mauvais dessins que l'inverse.
Ton adoration du style de Gene Colan t'a-t-il amené à acquérir l'omnibus de Tomb of Dracula ?
SupprimerSuis-je prévisible à ce point, cher Présence ☺ ?...
Supprimer:)
SupprimerRien de tel : je ne fais que projeter mon propre comportement sur le tien. J'ai récemment fait l'acquisition du tome 4 The Tomb of Dracula The complete collection, que je n'ai pas encore lu, mais que j'ai déjà feuilleté à plusieurs reprises pour le plaisir visuel des pages de Gene Colan.
Il y aura donc au moins quatre tomes, alors. Panini Comics n'en a sorti qu'un pour le moment, intitulé "La Nuit du vampire". Je suppose que l'éditeur sortira la suite, mais je ne sais pas quand ni à quel rythme.
SupprimerJe ne suis pas sûr pour les 4 tomes en VF. J'ai cru comprendre que l'intégrale Panini est annoncée en 2 tomes, pour les 70 épisodes de la série mensuelle principale.
SupprimerEn VO, les rééditions se suivent, pas toujours complètes : Essential en noir & blanc (4 tomes), omnibus (3 tomes, mais les 70 épisodes été réunis dans les 2 premiers), puis 3 recueils allant de l'épisode 1 au 31 (la collection que j'avais commencée à suivre, mais elle s'est arrêtée en cours de route), et maintenant une Complete Collection (4 tomes de parus, allant jusqu'au numéro 53, avec d'autres magazines annexes inclus). J'espère que cette dernière ira jusqu'à son terme, car je suis très curieux de suivre cette série jusqu'à la fin. Pour ma part, j'ai trouvé qu'il a fallu plusieurs épisodes à Wolfman & Colan pour atteindre leur plénitude narrative.
Je suis également très curieux de lire ton avis dessus.
Merci de ces précisions.
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