samedi 13 février 2021

Wonder Woman (tome 6) : "La Chute de l'Olympe" (Urban Comics ; novembre 2015)

Sorti dans la collection
 "DC Renaissance" d'Urban Comics, en novembre 2015, "La Chute de l'Olympe" est un ouvrage format 17,5 × 26,5 cm à la couverture cartonnée. Il contient approximativement cent quarante planches - sans compter une quinzaine de pages de bonus. C'est le tome final de la "Wonder Woman" des "New 52", la "Renaissance DC", une initiative de DC visant à rafraîchir son univers. Il inclut les versions françaises des #30-35 (de juin à novembre 2014) du titre "Wonder Woman" ainsi qu'un récit de douze planches, tiré du "Secret Origins" (volume 3) #6 (décembre 2014). 
Brian Azzarello (cf. "Lex Luthor" et "Joker") écrit le scénario et cosigne celui du "Secret Origins" avec Cliff Chiang. Les dessins des #30-32 ainsi que celles du "Secret Origins" sont de Goran Sudžuka ; celles des #33-35 de Chiang. Ils réalisent eux-mêmes l'encrage de leurs illustrations. Matt Wilson en compose la mise en couleur. 

À l'issue du tome précédent, Wonder Woman demande à ses sœurs amazones de l'aider à reprendre l'Olympe ; elle ne les guidera pas comme leur princesse, mais en tant que déesse de la Guerre. 
Les rivages du Styx. Hadès et Poséidon sont en plein palabre. Le maître des Enfers évoque l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de leurs têtes. Ils sont menacés ; c'est indéniable. Le dieu des Mers opine : son frère a raison. Faut-il agir pour autant ? Les cieux se déchaînent, il est préférable de ne pas leur service de cible. Autant laisser les événements suivre leur cours. Hadès trouve que l'argument est persuasif, à défaut d'être imparable. Poséidon lui demande donc s'il est convaincu. Hadès répond par l'affirmative. Il promet - avec, derrière lui, une gigantesque muraille constituée de morts prêts à fondre sur une proie - qu'il n'interviendra pas et ajoute que "les cieux sont en sûreté". Pour Poséidon, "ce ne sont plus les cieux", et ils "sont loin d'être sûrs". Au même instant, sur l'île du Paradis, les Amazones affûtent épées, lances, flèches... 

Sixième tome et rien ne va plus. Heureusement qu'il s'agit du dernier ! Azzarello arrive - enfin - à la conclusion de son passage sur le personnage de Wonder Woman. Et tout cela prend décidément beaucoup de temps. D'abord, il y a ces Amazones qui tergiversent, juste un peu, mais suffisamment pour faire illusion. Il y a bien quelques rebondissements bien sentis, mais ils ne véhiculent pas suffisamment d'émotions. Wonder Woman, toujours aussi bienveillante et prompte à la compassion, campe une déesse de la Guerre invraisemblable. Certains occupants de l'Olympe pérorent à l'envi - ou philosophent - sur les événements dans des dialogues chargés de poncifs sur la nature des dieux et celle des hommes. Le Premier-Né, lui, a transformé l'Olympe en un amas de chair sanguinolente - une tentative d'effet horrifique complètement ratée ; il n'en finit plus d'étaler son hostilité et sa méchanceté monolithiques. Si les séquences sont réparties entre les différents fils narratifs, la trame reste linéaire : les déités sont défaites, les unes après les autres, dans une succession de scènes sans lyrisme dont la dramaturgie est totalement absente. Azzarello abuse des deus ex machina, et chaque figurant de sa foultitude de personnages se voit ainsi octroyer son petit instant de gloire : Orion et Milan, une certaine statue, des déités oubliées, et d'autres encore. Et cela n'arrête plus, entre retournements de situations et joutes verbales bavardes et postures où chacun s'affirme, sans omettre de mentionner le dénouement, qui est tellement prévisible qu'il est franchement surprenant que le Premier-Né s'y laisse prendre, surtout avec autant de naïveté. 
La partie graphique continue à souffrir de ses défauts habituels, évidemment. Chiang - le dessinateur le plus doué de la série - ne réalise là que la moitié des épisodes, et le reste a été confié à Sudžuka, un artiste croate dont le style et le trait sont relativement proches de celui du New Yorkais, mais dont le travail ne parvient pas aux mêmes qualités de fini et de rendu ; il faut en effet reconnaître qu'il y a dans les compositions de Chiang cette rondeur, cette harmonie, et cette grâce qu'aucun autre illustrateur qui a participé à ce titre (avant Sudžuka, il y a eu Tony Akins) n'est arrivé à reproduire ; cela n'enlève rien du tout au talent du Croate. 
La traduction a été effectuée par Thomas Davier, qui est pour moi l'un des meilleurs professionnels du moment. Son texte ne comporte ni faute ni coquille, sauf erreur de ma part. L'éditeur a inséré un résumé utile du volet précédent en début d'album. 

Malgré une approche originale qui a réussi à faire illusion le temps de quelques numéros, la période d'Azzarello sur l'Amazone est une déception. Trop de longueurs, de verbiage, et de deus ex machina. Et en fin de compte, trop de lassitude : dommage. 

Mon verdict : ★★☆☆☆ 

Barbüz
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2 commentaires:

  1. 2 étoiles : bon, c'est sûr, tes commentaires m'ont définitivement convaincu de ne pas revenir à cette série.

    Wonder Woman, toujours aussi bienveillante et prompte à la compassion, campe une déesse de la Guerre invraisemblable. - Je me souviens que dans ses épisodes 101 à 136, John Byrne en avait également fait une déesse, mais celle de la vérité, ce qui lui permettait de conserver sa bienveillance et sa compassion.

    La trame reste linéaire. - C'est même très étonnant pour Azzarello d'avoir opté pour une construction linéaire quand on repense à la structure labyrinthique de 100 Bullets.

    Je partage ton avis sur les pages de Goran Sudžuka : je trouve qu'il réalise des cases fades, pas désagréables, faciles à comprendre, mais sans saveur. La seule exception qui me viennent à l'esprit est la série Outlaw Nation de Jamie Delano, dont il avait dessiné les premiers épisodes.

    https://www.babelio.com/livres/Delano-Outlaw-Nation/846584/critiques/1066100

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    1. Je crois que je dois être l'un des rares à ne pas avoir trouvé ce "run" transcendant.
      Je viens de regarder d'autres évaluations sur Amazon, et on tourne quand même entre quatre et cinq étoiles - mais Amazon permet de donner des notes sans se justifier. Sur Bédéthèque, les notes sont un poil en dessous, mais restent au dessus de quatre étoiles. Sur Babelio, enfin, les commentaires sont plus sévères, avec des notes qui se situent aux alentours de 3,5/5.

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