mercredi 31 mars 2021

Animal Man (tome 2) : "Contre-Nature" (Urban Comics ; avril 2013)

"Contre-Nature" est un ouvrage format 17,5 × 26,5 centimètres à couverture cartonnée de cent soixante-cinq planches (environ), publié dans la collection "DC Renaissance" de l'éditeur Urban Comics en avril 2013 ; c'est le second des quatre volets du volume 2 (de novembre 2011 à mai 2014) du "Animal Man" de la "Renaissance DC" / "The New 52", une démarche inaugurée en 2011 par DC Comics pour rafraîchir son univers. Ce volume compile les versions françaises des #7-11 (en VO, de mai à septembre 2012), du #0 (de novembre 2012), et du "Animal Man Annual" #1 (juillet 2012). 
Jeff Lemire - connu pour "Green Arrow" - conçoit les scénarios. Le travail de dessinateur a été réparti entre Steve Pugh et Travel Foreman. Leur encrage a été confié à Pugh et Jeff Huet. Le Milanais Alberto Ponticelli a illustré le #11 ; Wayne Faucher encre ses planches. Lovern Kindzierski, enfin, compose la mise en couleurs. 

À l'issue du tome précédent, Buddy, Ellen, Cliff, Maxine, et Mary Frazier (la mère d'Ellen) tiennent conseil dans leur camping-car, tandis que dehors la Nécrose progresse et se répand rapidement. 
Hanksville, dans l'Utah. Coiffé d'une casquette, assis dans un fauteuil de camping, les pieds chaussés de bottes sur la table basse, un gusse regarde les actualités télévisées dans son mobile home, installé en lisière d'une forêt. Il enchaîne les cannettes de bière et fume des cigarettes. Une observation de cette scène permet de réaliser très vite que le rangement, l'entretien et l'hygiène ne sont pas prioritaires. À l'écran, le présentateur rapporte "différentes attaques" d'animaux : trois personnes ont été tuées, et cinq autres blessées. Les autorités conseillent d'éviter les animaux "d'apparence suspecte". Juste devant sa porte, à l'extérieur, Spock, le bulldog, émerge de sa torpeur et commence à aboyer. L'homme se demande ce qu'a son chien ; il se lève, ouvre, et est témoin d'une vision apocalyptique, une meute contre-nature sur le seuil... 

Ce deuxième volume démarre par un chapitre brillant qui évoque tout le sel de cette famille atypique - les Baker - poursuivie par les champions de la Nécrose. Chaque membre a droit à sa petite scène, que ce soit Ellen, la mère et chef de famille, qui essaie de garder le cap ; Cliff, le fils adolescent, dans un moment savoureux où son père lui montre à quel point il le comprend ; ou Mary, la grand-mère, mère et belle-mère, qui finit par craquer. C'est après cette introduction que tout se gâte. Lemire nous invite à suivre les sentiers balisés d'une intrigue dont la linéarité est d'autant plus pesante qu'elle donne la sensation de traîner en longueur et de ne pas avancer. Lemire s'embourbe entre prémonitions cauchemardesques, événements temporels vers le futur autant que vers le passé et va-et-vient dans les dimensions physique et spirituelle. Des affrontements entre un Animal Man qui se promène systématiquement torse nu comme s'il venait de sortir du lit et les meutes de la Nécrose ponctuent une trame sans rythme qui ne suscite ni surprise ni émotion et qui échoue à captiver les lecteurs. À cela s'ajoutent les délires du monde du Sang, avec des personnages secondaires inintéressants et cabotins dont les interventions, sans saveur, sont retranscrites dans des dialogues banals et peu inspirés. Le numéro annuel, dans lequel il est révélé qu'il y a eu d'autres générations de champions du Sang, est d'autant plus soporifique et ennuyeux que Buddy Baker en est quasiment absent. D'aucuns, enfin, trouveront pénible que l'intrigue s'étale sur deux séries, la suite de l'histoire étant contée dans le "Swamp Thing" (volume 5) de Scott Snyder et Yanick Paquette. 
La partie graphique se situe - plus pour Pugh que pour Foreman - dans un registre réaliste. Foreman choisit la sobriété et ne s'encombre pas de détails, mais son travail est très satisfaisant à l'exception de la figuration du mouvement et d'un encrage parfois lourd. Pour les séquences d'action, Pugh - dont le trait est plus classique - opte pour un quadrillage moderne avec des cases obliques et des inserts, et propose une belle diversité de plans et de perspectives. Moins léger, Ponticelli tend à abuser de l'expressivité, surtout dans les regards. Son crayon est moins régulier et moins minutieux que celui de ses collègues, et certains profils sont franchement loupés. 
La traduction de Benjamin Rivière est honorable, mais relevons : une "liaison dangereuse" ("ce Alex"), et une faute de mode (un futur simple au lieu d'un conditionnel). Enfin, il aurait fallu écrire "dans le Manitoba", pas "à Manitoba"c'est une province. 

"Contre-Nature" pâtit de sa linéarité lourdingue et du développement du concept de la lutte éternelle entre Sang, Sève, et Nécrose. Le verbiage des dialogues est sans inspiration, les caractérisations des seconds rôles sont parfois infantiles. Déception. 

Mon verdict : ★★☆☆☆ 

Barbüz 

2 commentaires:

  1. Oulah !!! Tu passes de 4 étoiles pour le tome 1, à 2 pour le tome 2 : j'ai bien fait de m'abstenir. Et pourtant j'aime beaucoup Jeff Lemire, mais il est vrai surtout pour ses séries indépendantes.

    Une trame sans rythme qui ne suscite ni surprise ni émotion : j'ai vraiment bien fait de m'abstenir.

    Steve Pugh : je l'avais découvert sur quelques épisodes de Hellblazer (par Jamie Delano), puis sur des épisodes d'Animal Man (également écrits par Delano). J'avais trouvé qu'il avait un très bon sens de l'horreur graphique. J'avais également beaucoup aimé la minisérie Hotwire écrite par Warren Ellis.

    J'avais beaucoup aimé Alberto Ponticelli sur la série Unknown Soldier écrite par Joshua Dysart, publiée par Vertigo, avec une VF par Urban Comics.

    Parmi le New 52, j'avais plutôt bien aimé les deux tomes de Frankenstein agent of SHADE, de Lemire & Ponticelli.

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    1. Moi aussi, j'aime bien Lemire, mais là, je ne sais pas s'il a toute la latitude voulue dans un récit croisé où il est probable sur ce soit Scott Snyder qui mène la danse.
      Je m'arrête là et n'irai pas plus loin.

      Pugh fait du bon boulot, je trouve. J'ai moins aimé Ponticelli, trop irrégulier.

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