Batwoman (tome 4) : "Les Liens du sang" (Urban Comics ; février 2015)

Malgré le numéro quatre, "Les Liens du sang" est en fait le cinquième et dernier tome de la série (il y a un numéro zéro) qu'Urban Comics a consacrée à Batwoman entre 2012 à 2015. Cet ouvrage format 17,5 × 26,5 cm à couverture cartonnée comprend environ cent soixante planches. Sorti en février 2015 dans la collection "DC Renaissance" de l'éditeur, il compte les versions françaises des "Batwoman" 18-24 (de mai à décembre 2013) et du "Batwoman Annual" #1 (de juin 2014). Ils constituent l'arc "This Blood Is Thick" (son titre VO). La suite de la VO (seize numéros, jusqu'au #40 de mai 2015, plus l'annuel #2, de juin) est inédite en Francophonie, Urban Comics ayant décidé de ne pas en continuer la publication. 

Le scénario de la série régulière est écrit par J. H. Williams III et W. Haden Blackman. Marc Andreyko se charge de l'annuel ; c'est lui qui reprendra les rênes du titre après le départ de Williams et Blackman, d'ailleurs. Trevor McCarthy illustre tous les numéros, à l'exception du #21, dessiné par Francesco Francavilla. Il cosigne l'annuel avec Moritat (Justin Norman). Outre McCarthy, Moritat, et Francavilla, Walden Wong, Sandu Florea, et Derek Fridolfs, participent à la tâche d'encrage. Guy Major, enfin, compose la mise en couleur sauf celle du #21, effectuée par Francavilla lui-même. 

À l'issue du tome précédent, Bones, le directeur du DEO, procède à l'ouverture d'un étrange sarcophage égyptien ; à l'intérieur se trouve Beth, la sœur de Kate ; elle est groggy, mais bien vivante. 

Batwoman et Hawkfire sont en plein corps-à-corps contre Mister Freeze, à qui elles assènent coup sur coup. Hawkfire surenchérit avec quelques sarcasmes au grand dam de sa cousine : Freeze étant dangereux, Bette (Hawkfire) doit rester concentrée. Dans les coulisses, Jacob Kane suit l'intervention ; il communique avec Bette par liaison radio. Le colonel appelle à la prudence. Il fait -5° à côté de Freeze ; Bette ressent-elle les effets de l'hypothermie ?... 

Dernière salve de numéros écrits par Williams et Blackman ; en septembre 2013, Williams annonce dans une lettre ouverte aux lecteurs que Blackman et lui quittent la série, prétextant des différends avec la maison d'édition. Au centre, le refus de permettre le mariage - homosexuel - entre Kate Kane et Maggie Sawyer, un événement que Williams et Blackman avaient planifié. Quoi qu'il en soit, les deux scénaristes concluront leur période sur le personnage ; au menu, une histoire de famille. Le DEO propose à Batwoman un marché qui s'avère un véritable dilemme ; mais comment serait-il possible de rejeter ce qu'offre le directeur Bones ? Voici, a priori, une trame excitante sur le papier, bien que l'objet de la transaction puisse provoquer la perplexité chez le lecteur le plus critique ; l'identité d'un superhéros - aussi éminent soit-il - est-elle à ce point importante pour qu'une organisation telle que le DEO mobilise de considérables ressources ? Partant de là, cette histoire semble être du chiquet, un récit qui compte pour rien, sans réelles conséquences comme parmi dans d'autres dans le genre, mais pour laquelle les auteurs conçoivent une fin ouverte pour leur successeur, à savoir Andreyko. L'arc contient autant de bonnes idées que de poncifs, mais il serait exagéré d'affirmer que la somme est mal écrite, malgré les dialogues bancals et bateaux en plusieurs endroits, et les quelques analepses qui ne parviennent pas à alléger la linéarité d'une intrigue assez prévisible. Sa conclusion est plutôt satisfaisante ; elle permet aux auteurs de se retirer à l'issue d'un arc qui n'est guère captivant, mais qui est globalement honorable à défaut d'être marquant. 

Les amateurs auront fait leur deuil du départ de Williams du poste de dessinateur ! McCarthy, malgré quelques tics, est une alternative plus que valable ; il propose un trait réaliste et élégant avec une figuration du mouvement réussie. Il applique un quadrillage très sophistiqué qui s'étale sur des doubles pages à la Williams, mais trop chargé, trop ornementé. Certaines cases ou séquences sont difficilement déchiffrables, hélas ! Avec Moritat, la qualité de l'arc prend encore du plomb dans l'aile ! Son style présente une rupture évidente avec celui de McCarthy, avec - de surcroît - un coup de crayon moins net et moins précis, et des postures moins réalistes. 

Thomas Davier, l'un tout bons du circuit, effectue la traduction. C'est une réussite, à l'exception de la fâcheuse propension de l'intéressé à s'échiner à adapter les noms propres (le "Sillage du serpent" pour le "Serpent's Wake" ou le "DEUS" pour le "DEO"). 

"Les Liens du sang" permet à Williams et Blackman de conclure leur période avant de partir, mais leur salve de numéros ne représente pas le summum de la série. À ce jour, Urban Comics n'en a pas publié la suite, écrite par Andreyko, et sans McCarthy. 

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbüz