Cet album, sorti en novembre 2010, est le dix-neuvième de l'intégrale que Panini Comics France consacre à la franchise "X-Men", et le cinquième à la version historique de l'équipe. Il englobe les versions françaises d'extraits issus de douze numéros de la série régulière, les "X-Men" #40-51 (janvier à décembre 1968). Étrangement (mais bon, c'est Panini Comics...), une partie des histoires de complément de ces numéros-là avait été incorporée dans la parution centrée sur l'année 1965. En voici la suite, ceux des #48-51. Ce recueil compte aussi les versions françaises du "Avengers" #53 (juin 1968) et de compléments des "Ka-Zar" #2-3 (décembre 1970 et mars 1971) et du "Marvel Tales" #30 (d'avril 1971). Ce volume de dimensions 17,7 × 26,8 cm à couverture cartonnée avec jaquette amovible inclut deux cent cinquante pages en couleurs.
Roy Thomas écrit encore quelques numéros, avant de passer la main à Gary Friedrich (1943-2018) au #44, qui lui-même transmet le témoin à Arnold Drake (1924-2007) au #47. Les dessins sont signés Don Heck (1929-1995), George Tuska (1916-2009) ou Werner Roth (1921-1973) ; Jim Steranko illustre les #50-51. L'encrage est assuré par Tuska ou John Tartaglione (1921-2003). Le "Avengers" est écrit par Thomas, illustré par John Buscema (1927-2002) puis encré par Tuska. Les "Ka-Zar" sont écrits par Jerry Siegel (1914-1996). Tuska est aux dessins ; Dick Ayers (1924-2014) est encreur.
À l'issue du tome précédent, Mutant Master, vaincu, se donne la mort ; les Mauvais Mutants ne restent pas. Les X-Men retrouvent l'institut ; ils étrennent les nouveaux costumes conçus par Xavier.
L'institut Xavier. Les X-Men sont à l'entraînement ; Cyclope et Angel observent attentivement la performance du Fauve au travers de pièges habilement programmés par Iceberg. Leur coéquipier se faufile entre les nombreux rayons avec agilité. Scott Summers estime que leur séance manque de sérieux, mais Drake continue...
À la suite de cette salve supplémentaire de numéros, il devient décidément de plus en plus difficile de se convaincre que les aventures des X-Men valent le détour. Il y a néanmoins plus d'inspiration dans ce recueil-là que dans d'autres. Certes, Thomas ouvre avec des histoires où il emploie des monstres (dont celui de Frankenstein) en scène. Rien de plus courant lorsque l'inspiration n'est pas au plus haut : les séries Marvel de l'époque regorgent de monstres ou de robots divers, tombés aux oubliettes depuis. Thomas se débarrasse de Charles Xavier avant de quitter le titre. Il prive ainsi les X-Men de leur figure paternelle (#42). Il prend donc une décision importante, mais laisse son successeur se dépatouiller avec. Au début de la reprise de la série par Friedrich, c'est surtout la Confrérie des mauvais mutants qui assure le spectacle, et plus spécialement la relation entre Magneto - en père exigeant - et le Crapaud - en fils avide de reconnaissance ; pour autant, cela ne garantit pas la cohérence des histoires, en témoigne le #44, un épisode de remplissage dans lequel Angel rencontre Red Raven, un événement dénué de vraisemblance et resté sans suite. Friedrich, appliquant la recette qui a fait ses preuves avec Spider-Man, prive les mutants de leur institut et les éparpille. Ainsi, après avoir perdu leur père, les X-Men perdent un foyer et sont éloignés de leurs compagnons. Mais cela est insuffisamment exploité et ces pertes n'ont pas les répercussions dramatiques "espérées", hélas. Nos mutants agissent désormais en binômes avec un peu de vague à l'âme ; c'est tout. En outre, nombre de numéros s'avèrent sans consistance ; le Fléau s'évapore (#46), Maha Yogi n'offre rien de novateur (#47), et Quasimodo (#48) file à l'anglaise. Mais Drake finit par élaborer un fil narratif prometteur avec la création de Lorna Dane ; et "X-Men", transcendé par le style de Steranko, prend une tonalité nouvelle, plus noire, plus violente. Ces trois derniers épisodes sauvent une année décevante en général.
Heck, Tuska, et Roth effectuent un travail très honorable, mais dont la sagesse stylistique et le classicisme plan-plan font pâle figure devant les planches sophistiquées de Steranko. Les contrastes sont omniprésents : dans la typographie des titres (ils évoquent les affiches des grosses productions cinématographiques de l'époque), dans l'utilisation et le traitement de la perspective, la mise en page (les structures étant parfois éclatées, peut-on encore parler de quadrillage ?), la diversité des plans, ou l'expressivité des visages et des regards... Sous le crayon de cet artiste, "X-Men" prend instantanément une dimension supérieure, presque hallucinée. Quel artiste trop rare et unique que ce Jim Steranko, véritable magicien de la composition qui ne laissa derrière lui guère plus qu'une poignée de comics - fort malheureusement.
C'est Geneviève Coulomb qui réalise la traduction. En vrac, notons une faute d'orthographe, deux de genre, et un oubli d'article qui ont été relevés. En outre, "brevet" aurait dû être préféré à "patente". Enfin, deux bulles sont inversées (confer le #44).
Quelques fulgurances de Drake et les deux numéros dessinés par Steranko permettent aux épisodes de cette année-là d'éviter une bérézina, car les histoires sans grand intérêt se succèdent. Trois étoiles, deux s'il n'y avait eu l'arc consacré à Lorna Dane.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
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Les séries Marvel de l'époque regorgent de monstres ou de robots divers : Sergio Aragonés & Mark Evanier (les auteurs de Groo) avaient réalisé une minisérie Mighty Magnor (1993/1994), une parodie de superhéros et ils indiquaient que les deux menaces les plus répandus chez les auteurs en mal d'inspiration sont les robot divers, et les extraterrestres (il y a avait les 2 dans le 1er épisode de Magnor).
RépondreSupprimerJim Steranko : je n'ai pas encore le courage d'en relire, du fait des logorrhées des scénaristes concernées (je frémis encore rien que de penser aux phylactères de Nick Fury, agent of SHIELD).
Je vais me mettre aux intégrales "Nick Fury", finalement ; c'est un peu toi qui m'en as convaincu 😉.
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