mardi 26 juillet 2022

"The Avengers" : L'Intégrale 1982-1983 (Panini Comics ; octobre 2021)

Sorti en octobre 2021, le dix-neuvième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre à "The Avengers" est un recueil de 17,7 × 26,8 centimètres à couverture cartonnée avec jaquette amovible, d'environ trois cent soixante-dix pages. Il comprend les versions françaises des #217 à 226 de "The Avengers" (mars à décembre 1982), du "The Avengers Annual" #11 (d'octobre 1982), et des quatre numéros de la minisérie "Vision and the Scarlet Witch" (novembre 1982 à février 1983). En bonus, une préface de Jim Salicrup, deux sketches humoristiques d'une planche (le premier, extrait du "Fantastic Four Roast" de mai 1982, l'autre du "What If?" #34 d'août 1982), les couvertures (recto verso) de "The History of the Avengers" - le #4 de "FantaCo's Chronicles" (juin 1982), de George Pérez (1954-2022), et les bios des auteurs principaux. 
Jim Shooter écrit trois numéros, et en coécrit quatre, avec J. M. DeMatteis, David Michelinie, Steven Grant, puis Alan Zelenetz. Michelinie en écrit un, Grant deux. Bob Hall et Greg LaRocque en dessinent quatre chacun, Don Perlin et Mark Bright un chacun. Dan Green, Brett Breeding, Joe Rubinstein, Jack Abel (1927-1996), Sal Trapani ou Chic Stone (1923-2000) se partagent l'encrage. La colorisation est confiée à Christie Scheele. L'annuel est écrit par DeMatteis, dessiné par Allen Milgrom, encré par Abel, et mis en couleurs par Carl Gafford. La mini est écrite par Bill Mantlo, dessinée par Rick Leonardi, encrée par Ian Akin et Brian Garvey, mise en couleurs par Bob Sharen ou George Roussos (1915-2000). 

Précédemment, dans "The Avengers", les Vengeurs ont raison de l'Homme-Molécule, mais avec difficulté. Tigra quitte l'équipe. Il ne reste que trois membres : Captain America, Iron Man, et Thor. 
Le Mécano-Maraudeur, un type en armure, fait le pied de grue devant le manoir des Avengers. Il les insulte de lâches et les défie devant deux employés de la NYTel, qui plient bagage sans tarder... 

En 1982, Shooter est toujours rédacteur en chef. Il est aux commandes, mais laisse des numéros à Grant ; l'année n'est pas non plus un modèle de stabilité des équipes artistiques, une difficulté récurrente depuis janvier 1981. Shooter explore les possibilités d'intrigue qu'offre le thème de l'équipe de super-héros. Ainsi, on a le membre fondateur pour qui tout dérape ; Pym continue à en prendre pour son grade. Trompé par Crâne d'œuf (super-méchant intelligent, mais de seconde zone), il se retrouve en geôle, avant de découvrir que son ex-femme se console dans les bras d'un célèbre industriel ; la déchéance du docteur a-t-elle atteint le fond ? Le diptyque qui suit oblige les héros à lutter contre l'un d'entre eux, manipulé par une ex-Avenger. Un classique intéressant sur le thème de l'enfer pavé de bonnes intentions. Puis l'annuel propose un affrontement (stérile, comme d'habitude) contre une équipe similaire en puissance, les Defenders, menés par la Valkyrie, Brunnhilde. Classique aussi, mais banal. Après cela, la série revient sur un thème récurrent de la franchise, le recrutement, et mélange ancien et nouveau, sans que la mayonnaise ne prenne vraiment. Il y a plus d'humour qu'à l'habitude et le ton est souvent léger, en témoignent le Mécano-Maraudeur et la rivalité entre Miss Hulk et Œil-de-Faucon, qui opère en solo le temps d'un épisode. Puis Shooter (qui avait déjà surpris avec Marcus Immortus) détonne avec l'histoire d'un immortel piégé dans le corps d'un enfant, qui se régénère à chaque mort. Il y a des scènes-chocs (la couverture !), mais la Comics Code Authority était plus permissive à l'époque. Enfin, un personnage secondaire, mais iconique, effectue son retour, dans un arc qui représente sans doute la quintessence de ce que le lecteur attend d'une aventure des Avengers : une menace cosmique, un voyage dans le temps, des adversaires formidables. Mais le sommet de l'ouvrage, c'est la mini : Vision et Wanda y aspirent à une vie ordinaire, projet sans cesse contrarié, que ce soit par leur famille ou leurs adversaires. Plus adulte, avec une narration plus profondément travaillée, le ton sombre, violent, tranche avec la série régulière. 
Après avoir viré Gene Colan (1926-2011) en 1981, Shooter dut remplir le poste vacant avec des artistes disponibles. Aucun transfuge majeur, ni d'une autre série Marvel ni de DC Comics. Dans ce registre classique de l'âge de bronze, Hall et LaRocque s'en sortent avec les honneurs sans que leur travail suscite pour autant une admiration sans réserve de la part du lecteur. Là encore la minisérie se distingue grâce au coup de crayon de Leonardi ; ce dernier creuse un véritable écart avec les artistes de la série régulière comme pour souligner qu'il y a une génération entre eux. Les planches de Leonardi donnent un soudain coup de vieux à celle de ses aînés, car tout y est d'une originalité supérieure : la mise en page, le découpage de l'action, l'expressivité des personnages, la diversité des angles de prises de vues, etc. Surprenant ! 
La traduction est partagée entre Laurence Belingard et Benjamin Viette : erreurs de contexte, noms propres traduits, faute de syntaxe, de majuscule, ou anglicisme...

Henry Pym continue sa descente aux enfers et avale humiliation sur humiliation. L'équipe, pour se renouveler, alterne vétérans et nouvelles recrues, sans que la magie opère. Formidable, la série "Vision and the Scarlet Witch" redresse le niveau global. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz
Copyright © 2014 Les BD de Barbüz

Avengers, Vengeurs, Mutants, Inhumains, Magneto, James Shooter, Jim Shooter, Bill Mantlo, Rick Leonardi, Marvel Comics, Panini Comics

4 commentaires:

  1. Voilà qui me rajeunit encore une fois (comme le recueil précédent) : avec ces trois séries Peter Parker the spectacular Spider-Man (époque Bill Mantlo & Al Milgrom), Incredible Hulk (époqie Bill Mantlo & Sal Buscema) et Avengers distribuées chez mon marchand de journaux. En parcourant les couvertures des numéros contenus dans ce recueil, je m'aperçois qu'il y a eu pas mal de trous dans l'arrivage chez mon marchand de journaux de l'époque, car j'en ai découvert plusieurs que je ne connaissais pas.

    Pauvre Hank Pym... D'un côté, c'était une histoire vraiment dramatique et prenante, avec de réels changements. De l'autre, ce personnage a été irrémédiablement abimé, malgré plusieurs tentatives de réhabilitation plutôt bien écrites, dont celle de Dan Slott. Ce cas d'école a fini par me faire accepter que salir un héros est une solution de facilité en termes d'intrigue, et toujours au détriment du personnage, avec des effets pouvant être à très long terme.

    https://www.babelio.com/livres/Slott-The-Mighty-Avengers-Earths-Mightiest/380611/critiques/1939101
    https://www.babelio.com/livres/Slott-The-Mighty-Avengers-The-Unspoken/380616/critiques/1955981
    https://www.babelio.com/livres/Slott-Siege-Mighty-Avengers/380618/critiques/1970492

    Un immortel piégé dans le corps d'un enfant, qui se régénère à chaque mort : pas mal comme idée politiquement incorrecte. Dans un genre similaire, j'avais beaucoup aimé Mr. Immortal (Craig Hollis) des Great Lake Avengers, superhéros ayant pris l'habitude de se sortir de mauvaises situations en se faisant tuer pour pouvoir ressusciter en pleine forme, un comportement bien macabre et malsain, s'apparentant à une forme de suicide à répétition. En jetant un coup d’œil à la couverture du 218, je pense que je n'ai pas du le lire. En revanche, je m'étais jeté sur les 219 & 220 pour Moondragon & Drax, sur le 221 avec la promesse de tous ces héros (bon, Silver Surfer n'était pas à l'intérieur). Je n'ai pas lu le 224 (mais quelle couverture !), ni les deux suivants. Je n'ai jamais eu la curiosité de lire la minisérie Vision and the Scarlet Witch : je faisais déjà une overdose de Bill Mantlo et de son écriture mélodramatique. Du coup, je comprends que j'ai raté d'excellentes planches de Rick Leonardi.

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    1. C'est vrai que l'écriture de Mantlo donne dans le mélo, mais quel contraste avec la série régulière de l'équipe ! On a l'impression d'entrer dans un autre monde.
      J'ai récemment découvert les premières aventures de Black Panther dans les numéros de "Jungle Action". Dans le style mélo, Don McGregor va encore plus loin que Mantlo. C'en est même éprouvant à la lecture, parce que ses cartouches sont beaucoup plus bavards que ceux de Mantlo et que le style est parfois ampoulé.

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    2. Je ne peux pas laisser passer une telle remarque sur Don McGregor. 😅

      J'avais beaucoup aimé ses épisodes de Black Panther : il écrit T'Challa comme une personne de couleur, faisant face au racisme, mais aussi aux dissensions tribales. Il fait partie de ces scénaristes des années 1970 qui ont introduit une dimension sociale plus poussée que celle initiée par Stan Lee. Par Exemple, ses histoires pour Black Panther ont généré des éloges de la part de Dwayne McDuffie, afro-américain, s'exprimant en tant que responsable éditorial sur la qualité des épisodes pris un par un, et sur l'histoire globale au long cours.

      McGregor a été le premier à mettre en scène un baiser interracial dans la série Killraven, illustrée par P. Craig Russell, avec un récit de science-fiction teinté de poésie.

      McGregor a réalisé une des premières Graphic Novel US, avec Paul Gulacy : Sabre, publié par Eclipse Comics.

      Par la suite, j'ai suivi sa carrière en VO avec des séries comme Detecticve Inc. (là aussi, une petite innovation, avec un héros blessé qui ne guérit pas entre deux épisodes, mais qui connaît une vraie période de convalescence) dessiné par Marshall Rogers, puis par Gene Colan, Nathaniel Dusk (2 miniséries) dessiné par Gene Colan, son retour sur Black Panther. Il n'y a que son Zorro et Lady Rawhide que je n'ai pas tenté.

      L'article wikipedia sur McGregor est très élogieux, avec des analyses très positives de Roy Thomas, Dwayne McDuffie, Peter Sanderson. Pour autant, je reconnais bien volontiers qu'il avait une écriture verbeuse, normale pour l'époque, moins attirante aujourd'hui.

      https://en.wikipedia.org/wiki/Don_McGregor

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    3. J'avais déjà noté dans "Luke Cage" que McGregor avait un style ampoulé qui s'apparentait plus à du verbiage tellement il semblait incapable d'en contrôler le flux. Je me suis demandé s'il ne s'était pas trompé de médium. Snyder a un défaut similaire (j'ose la comparaison, même si je préfère McGregor à Snyder), mais avec les dialogues, et un style nettement moins soutenu et bien moins intéressant dans le fond (et dans la forme aussi, d'ailleurs).
      Dans "Panthère noire", je trouve également que les arcs de McGregor sont interminables et comportent de nombreuses faiblesses narratives, dont une utilisation hasardeuse de l'ellipse.
      Cela n'engage que moi et n'enlève rien au fait qu'il fut un scénariste novateur.

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