"Le Roi des rues de New York" est le troisième et dernier volume de la série "Punisher" lancée en 2016 sous la bannière "All-New, All-Different". Cet album à couverture cartonnée (17,6 × 26,7 cm) est sorti en mai 2018 dans la collection "100% Marvel" de Panini Comics. Il comprend cinq numéros (#13-17) de la série VO (juin à septembre 2017), compte une centaine de planches, et fait suite à "Opération Condor : Fin de partie" (deuxième tome).
Le scénario est écrit par Becky Cloonan, surtout connue pour ses publications dans les comics indépendants. Kris Anka illustre et encre le premier épisode, tandis que Matt Horak se charge du dessin et de l'encrage des quatre derniers. La mise en couleurs est partagée entre Matthew Wilson (#13) et Lee Loughridge (14-17).À l'issue du tome précédent, Olaf est arrêté par l'agent Ortiz à la suite d'un combat titanesque avec le Punisher. Castle fait un plongeon mortel, et est porté disparu ; Face est toujours en vie.
Trois écoliers arpentent les trottoirs de Brooklyn. Le premier demande à ses camarades de classe s'ils ont fait le devoir pour le cours. L'un d'eux répond positivement sur un ton taquin ; oui, il y a travaillé, mais non, il ne faut pas espérer le recopier. L'autre, en sortant une console de jeux vidéo de son sac, rétorque que puisque c'est ainsi, il ne lui prêtera pas le dernier Stitch. Ses amis sont estomaqués ; où a-t-il trouvé ce jeu ? N'est-il pas en rupture de stock ? Trop cool ! Normal qu'il n'ait pas fait ses devoirs ! Devant ces témoignages d'admiration, l'adolescent se rengorge et s'apprête à offrir une démonstration à ses copains, lorsqu'ils sont hélés par un policier : le trottoir est interdit, ils devraient regarder tout droit au lieu d'écrire des textos sur leur téléphone. Le garçon a d'abord l'intention d'expliquer à l'agent qu'il ne s'agit pas d'un téléphone, mais en levant les yeux, il remarque que le quartier est bouclé par la police et qu'un criminel attaché par une corde pend d'un lampadaire ; sur son torse, une pancarte avec un message. Cela veut dire "qu'il" est revenu...
Pour cette ultime salve d'épisodes, Cloonan privilégie le format de l'histoire courte et présente trois aventures qui peuvent se lire indépendamment du reste, avant de proposer la conclusion de l'arc "Opération Condor" dans les deux derniers numéros de ce recueil. Dans le premier chapitre, Castle est à la recherche de l'une de ses armes, qui a été dérobée par un lycéen. Problème : le garçon a vendu le pistolet à un prêteur sur gages, et, depuis a circulé de main en main jusqu'à devenir la propriété d'une jeune mère dont l'ex-compagnon est à la fois violent et envahissant. Il joue ensuite à cache-cache dans le Metropolitan Museum of Art avec des cambrioleurs avides et brutaux. Dans la troisième partie, il traque un tueur qui prend plaisir à pousser ses victimes sur les rails au passage des rames de métro. Les deux dernières forment la conclusion de l'arc "Opération Condor" ; Face a survécu, il est de retour, et il est saisie de folie homicide. Castle l'affronte au corps à corps dans un scénario qui fleure la satire et la série B qui assume ses exagérations et évite le piège de se prendre au sérieux. Cloonan, tout au long de ces pages, exploite la facette iconique de Castle, sur le côté dur à cuire au grand cœur du personnage, une vision sans doute un brin superficielle et en tout cas bien éloignée de la version d'Ennis. Quand elle n'insiste pas sur ce côté justicier impitoyable(en flirtant avec la caricature (cf. les pantoufles, ou la tasse), l'auteure en fait tour à tour une figure paternelle, à la fois sévère et protectrice, fraternelle (grand-frère tutélaire), amicale avec Ahmad, le vendeur ambulant du coin, ou encore avec Ryan le sans-abri, etc. Graphiquement, c'est honorable. Le trait d'Anka et celui d'Horak évoluent dans un registre qui peut être qualifié de semi-réaliste avec une bonne dose d'hyperexpressivité (les visages). Anka présente des fonds de case rarement détaillés, contrairement à Horak, et joue plus avec les contrastes entre ombre et lumière. Tous deux mettent en scène un Punisher massif, puissant, à la musculature saillante.
La traduction est de Nicole Duclos, comme dans les deux premiers tomes. Aucun reproche majeur ici, si ce n'est que toutes les onomatopées ne sont pas traduites. La maquette est soignée. Les couvertures originales sont insérées en début de chapitre.
Avec ce troisième et dernier tome, Cloonan conclut son passage sur le Punisher, en offrant des épisodes dont les ingrédients sont beaucoup de spectacle et d'action, un zeste de satire, et une pincée d'épouvante. Des numéros bien ficelés et rien de plus.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Des numéros bien ficelés et rien de plus. - Voilà qui me conforte dans l'idée de ne pas me montrer curieux vis-à-vis de cette nouvelle version peut-être un peu tiède à mon goût.
RépondreSupprimerDans le même temps, Marvel Comics vient de commencer une réédition des épisodes Marvel Knights écrits par Garth Ennis, dans un format compatible avec ma lecture dans les transports en commun (par opposition au format omnibus). En 2019, je vais donc découvrir des épisodes que je n'avais jamais lus.
J'avais apprécié le premier tome, vraiment. Le "run" de Cloonan aura au moins eu la vertu de ne pas s'éterniser.
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