lundi 7 septembre 2020

"Batman Eternal" (tome 1) (Urban Comics ; mars 2015)

Cet album à couverture cartonnée, au format 17,5 × 26,5 centimètres et de deux cent soixante planches approximativement, est le premier des quatre tomes qu'Urban Comics a consacrés à la saga "Batman Eternal". Il est sorti en mars 2015, dans sa collection "DC Renaissance". Il comprend les versions françaises des treize premiers numéros du titre (il y en a cinquante-deux au total) soit les "Batman Eternal" #1 à 13 (en VO, de juin et septembre 2014). 
Le scénario a été coécrit par plusieurs auteurs : Scott Snyder, James Tynion IV, Ray Fawkes, John Layman et Tim Seeley. Snyder a probablement conçu les grandes lignes de la trame. Hebdomadaire, le rythme de parution a requis la participation de nombreux dessinateurs, à savoir Jason Fabok, Dustin Nguyen, Andy Clarke, Trevor McCarthy, Emanuel Simeoni, Guillem March, Ian Bertram, Riccardo Burchielli, et Mikel Janín ; lorsque ces derniers n'ont pu encrer eux-mêmes, la tâche a été attribuée à Derek Fridolfs ou à Guillermo Ortego. Et, enfin, la mise en couleur a été composée par Brad Anderson, John Kalisz, Blond (Kevin Senft), Guy Major, Tomeu Morey, Dave McCaig, Dave Stewart ou encore Jeromy Cox

Un futur proche ; Gotham City, dans une véritable scène d'apocalypse, est en proie aux flammes. Torse nu, Bruce Wayne, un Bat-Symbole gravé sur sa poitrine, a été enchaîné au Bat-Signal brisé, sur le toit du commissariat central. Un spectateur et narrateur l'informe que ses alliés ont été massacrés, et que sa ville a été réduite en cendres. Il a privé Wayne de tout ce qu'il possédait ; il l'invite à observer son monde qui s'effondre. Le présent, la nuit. Les dirigeables du GCPD patrouillent dans les airs. Le lieutenant Jason Bard vient d'arriver, dans le cadre d'une mutation de Detroit à Gotham City. Il raconte ses premières impressions à sa mère par téléphone ainsi que son entretien avec le commissaire Gordon. Sans apercevoir qu'Harvey Bullock le suit, Bard, s'attendant à être accueilli par Gordon, met fin à la conversation et raccroche... 

"Batman Eternal" a été conçu dans le cadre de la célébration des soixante-quinze ans de Batman. Avant la sortie du titre, Snyder annonçait déjà que Batman et Gordon allaient devoir affronter des situations inédites ; de son côté, Tynion déclarait que Gotham City était un immense coffre à jouets et que les scénaristes allaient utiliser bon nombre de ces derniers, y compris les moins célèbres. Les auteurs ouvrent le bal sur une double amorce, imparable : Gotham City à feu et à sang, avec un Batman démasqué, crucifié sur son propre symbole, en figure christique et martyre de sa guerre contre le crime, et Gordon, parangon de vertu de la police de Gotham, tombé de son piédestal, humilié, et jeté en prison. S'ils ne connaissent pas l'œuvre de Snyder, les néophytes ne verront ici qu'une aventure explosive alimentée par une action perpétuelle, dans laquelle le Chevalier noir et ses alliés subissent les attaques d'une adversité protéiforme, omniprésente et déchaînée. Ceux qui ont suivi le "Batman" de Snyder dans le cadre de la "Renaissance DC" (les "New 52") auront la forte impression que ce scénariste s'échine à hisser son travail au rang des histoires légendaires consacrées à Batman en abusant de l'autopromotion ; ils pourront alors se montrer sceptiques devant un titre qui leur semblera ouvertement racoleur, pour ne pas dire putassier. En plus de références permanentes à son œuvre, Snyder, avec ses comparses, pioche çà et là dans les récits qui ont marqué le Bat-Univers de ces trente-cinq dernières années, du "Culte" à "Un long Halloween" en passant par la période Morrison pour n'en citer que quelques-uns. Les auteurs se frottent à plusieurs registres. Si "Batman Eternal" est ancré dans le thriller urbain d'action, des éléments de fantastique ou de science-fiction s'y mêlent, ajoutant au ressenti global d'invraisemblance. Reconnaissons des qualités à ce titre : le rythme, et la partie graphique aboutie malgré les styles divers. Le talent déployé est indéniable, dans toute sa variété : trait musculeux (Fabok), expressionniste (Nguyen), réaliste (Clarke), énergique et sexy (March), proche de la caricature (Bertram)... Certains diront que Seeley et Burchielli sont certainement un peu en retrait, mais il n'y a pas de véritable erreur de casting. 
La traduction a été confiée à Jérôme Wicky ; Wicky est - à mon avis - le meilleur professionnel du circuit actuellement. Impeccable, son texte ne comprend ni coquille ni faute. L'éditeur français, comme d'habitude, nous offre une maquette de qualité. 

Présenté comme un hommage, "Batman Eternal" exhale des relents de récit outrancièrement spectaculaire et commercialement racoleur. Difficile de ne pas s'imaginer que Snyder l'a utilisé pour asseoir la pérennité de son propre travail sur la franchise. 

Mon verdict : ★★☆☆☆ 

Barbüz
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2 commentaires:

  1. Je suis assez fier de moi : celui-là j'ai réussi à résister et ne pas le lire. Au vu de ton article, je le raye définitivement de ma liste interminable d'envies. Pourtant en découvrant la liste des auteurs, il y a du beau monde, et certains que je suis à la trace comme Ray Fawkes, d'autres de manière moins obsessionnelle comme Ian Bertram ou Ricardo Burcchielli (je viens enfin d'entamer la lecture de DMZ de Brian Wood).

    Snyder s'échine à hisser son travail au rang des histoires légendaires consacrées à Batman en abusant de l'autopromotion. - Voilà qui me refroidit encore plus : l'autopromotion, allant peut-être jusqu'à de l'auto-célébration ?

    Une action perpétuelle : je pense que cette dynamique est également très liée au format hebdomadaire, un rythme feuilletonnant très soutenu qui oblige à tenir le lecteur en haleine perpétuelle.

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    1. Je ne peux de moins en moins voir le nom de Snyder sur une publication DC Comics. Je suis lucide et je sais que je lirais d'autres de ses œuvres parce qu'il s'est arrangé pour devenir incontournable, mais je sais aussi qu'il y en a beaucoup que je ne lirai pas : les "Batman Metal", "Le Batman qui rit", "New Justice", etc.

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