Publié en juillet 2016 dans la collection "DC Classiques" d'Urban Comics, "Le Retour de Hal Jordan" est un ouvrage au format 17,5 × 26,5 centimètres à couverture cartonnée, qui comprend cent soixante planches. Au sommaire, la version française de "The Day Before", un extrait du "Green Lantern Secret Files and Origins 2005" (version originale : juin 2005) et celle - dans son intégralité - des six numéros de la minisérie "Green Lantern: Rebirth" (VO de décembre 2004 à mai 2005). Cette minisérie fut déjà publiée en France par Panini Comics ("Green Lantern : Renaissance" ; 2011).
Geoff Johns a écrit les scénarios de la totalité des numéros. Auteur majeur de l'écurie DC Comics depuis les années deux mille, il est célèbre - notamment - pour ses "Flash", ses "Superman" ou encore ses "Aquaman". C'est Ethan Van Sciver qui a réalisé tous les dessins. Van Sciver a encré une partie de ses planches ; autrement cette tâche est dévolue à Marlo Alquiza, Mick Gray, et surtout Prentis Rollins. Moose Baumann a composé les mises en couleurs.
Secteur 3599 : loin, très loin de la Terre, aux confins de l'espace. Un endroit calme, mais froid, et sombre. Le Green Lantern Kyle Rayner est aux prises avec une créature cauchemardesque dans les cieux. En bas, la population de la planète à qui il est en train de porter secours est en proie à la panique. Le pouvoir l'anneau de Rayner lui permet de matérialiser un gigantesque ours polaire qui l'aide à neutraliser ce monstrueux adversaire. Lorsqu'il se pose au milieu des autochtones, ils lui répètent sans cesse la même phrase. Rayner a l'intention de prendre congé après quelques plaisanteries de potache sur ses compétences linguistiques, mais la fameuse bague traduit enfin : "Parallax va venir". Pendant ce temps-là, à un meeting aérien à Mountain View, en Californie. Trois chasseurs à réaction en formation viennent de survoler le public à basse altitude. Un garçonnet est béat d'admiration. Il voudrait savoir de quel avion il s'agit. Une voix l'informe que c'est un F-15...
"Le Retour de Hal Jordan" est une minisérie bavarde et pleine de poncifs, dont l'unique objectif est de ramener le personnage de Hal Jordan sur le devant de la scène. Cette histoire s'inscrit dans la continuité de l'univers DC. Il faut donc savoir ce qu'il s'est passé auparavant afin de comprendre toutes les facettes de l'intrigue. En gros, suite à la destruction de Coast City par le Superman Cyborg et l'extra-terrestre Mongul (voir le second tome de "La Mort de Superman" : "Le Règne des Supermen"), Hal Jordan perd la raison ; Parallax en profite pour prendre possession de son corps, et, laissant libre cours à sa rage meurtrière, se retourne contre la planète Oa. Lors de ce combat périssent plusieurs Green Lantern ainsi que la plupart des Gardiens de l'univers ; Hal Jordan / Parallax parvient également à démolir la batterie centrale. La folie destructrice et sanglante de Parallax semble sans limites, mais Jordan finit par se sacrifier. Son âme, errant au purgatoire, sera ensuite choisie comme réceptacle par celui qui incarne le courroux divin, le Spectre. Ce recueil conte donc le retour de Jordan, cette effigie de l'Américain sans peur que Johns essaie de débarrasser de ses reproches. Pour cela, l'auteur offre au héros déchu le pouvoir de "réparer" certains éléments de son passé ; puis il l'oppose à ses compagnons d'armes et à quelques ennemis jurés sous les regards soupçonneux de ses alliés de la Ligue de Justice dont les membres font de la figuration inutile. Les affrontements titanesques ne faisant ni peur ni mal se succèdent à grands coups de poing, entre deux tirades creuses et verbeuses, et aboutissent à un spectacle aussi grandiloquent que prévisible, où tout le monde se réconcilie. Au fond, ce tour de passe-passe permet surtout à Johns d'entamer sa période sur "Green Lantern", franchise qu'il relancera avec succès.
Van Sciver évolue dans le registre réaliste. Ses dessins se caractérisent par un trait fin et soigné avec une belle régularité et un niveau de détail plus qu'honorable. Ses visages sont expressifs, avec une très légère exagération çà et là. Ses compositions sont dynamiques ; juste ce qu'il faut, car les postures sont parfois un peu figées. Le quadrillage est moderne, le découpage sans faiblesse. Il n'y a aucun défaut rédhibitoire dans l'encrage. La mise en couleur engendre les contrastes nécessaires.
La traduction est effectuée par Edmond Tourriol, du studio MAKMA. Chez Urban Comics, le Talençais est le titulaire sur les séries "Green Lantern". Très satisfaisant, son texte est bien meilleur que celui de Laurence Belingard dans l'édition Panini Comics.
L'ennuyeux et lourdingue Hal Jordan revient ainsi sur le devant de la scène, hélas. Pour aborder cet album sans courir le risque d'être perdu dans les références, il faut connaître ses classiques, relire certains numéros de cette période ou se documenter.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Barbüz
Voilà qui est rafraîchissant de découvrir un avis négatif sur cette histoire, qui plus est solidement argumenté.
RépondreSupprimerCe recueil conte donc le retour de Jordan, cette effigie de l'Américain sans peur que Johns essaie de débarrasser de ses reproches. - Jolie formulation
Il faut donc savoir ce qu'il s'est passé auparavant afin de comprendre toutes les facettes de l'intrigue. - Je reconnais bien volontiers que j'étais dans ce cas-là. Plus que ça : dans les années 1990, j'ai assisté au remplacement systématique des superhéros DC par des nouveaux (Superman après sa mort, Green Arrow par son fils, Diana par Artemis, puis par sa mère, Jim Corrigan par Hal Jordan, etc.). Du coup, il n'était que justice que Hal Jordan puisse enfin revenir comme les autres. En outre, Geoff Johns a beaucoup fait pour étoffer la notion d'héritage et de famille dans l'univers partagé DC : cela faisait donc sens qu'il rétablisse le Green Lantern de l'âge d'argent. Toutefois, ces considérations n'obèrent en rien ton point Elles lui donnent même plus de validité.
Je suis bien content d'avoir lu ta critique, car je crois que c'est la première fois que j'en lis une dissonante sur ce récit, étayée et convaincante.
Merci de tes compliments. Tu avais sans doute déjà remarqué que je n'appréciais pas le personnage de Hal Jordan, ni les Green Lantern avec leur histoire invraisemblable de couleur jaune et toutes les autres couleurs pour un grand festival digne de "Bioman". En fait, le seul Green Lantern que j'apprécie est John Stewart (sauf à ses débuts), parce que je déteste aussi Kyle Rayner, pour tout t'avouer. Et en ce moment, je lis "Justice League International" : inutile de te dire que je bois du petit lait en découvrant la caractérisation de Guy Gardner.
SupprimerJustice League International correspond à la période où je suis passé de la VF à la VO. Je les ai relus à plusieurs reprises. Keith Giffen s'amuse beaucoup avec les personnages et JM DeMatteis est un dialoguiste hors pair. Je me demande si le traducteur est à la hauteur pour rendre compte de la verve et de la voix de chaque personnage. Je me souviens encore de Guy Gardner se vantant d'être toujours à l'heure, et de la répartie de Black Canary.
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