Ce volume intitulé "Héros" est le troisième et dernier de la quatrième période éditoriale de la série "X-O Manowar", consacrée au personnage du même nom. Il est sorti en novembre 2019 chez l'éditeur bordelais Bliss Comics. Il comprend les versions françaises des "X-O Manowar" #15-26 (de mai 2018 à avril 2019). Cet ouvrage relié (de dimensions 17,4 × 26,4 centimètres ; avec couverture cartonnée) compte approximativement deux cent quarante-cinq planches, auxquelles viennent se greffer une petite trentaine de pages supplémentaires, en guise de bonus, en fin de recueil : des variantes de couvertures et des planches non colorisées.
Matt Kindt écrit ces douze numéros, qui sont répartis en trois arcs de quatre numéros chacun : "Barbares", "Agent", et "Héros". Le Britannique Trevor Hairsine réalise les dessins des #15-18. Ryan Bodenheim dessine six planches du #17. Brian Thies est chargé de l'encrage ; Stefano Gaudiano a participé à celui du #15. Les coloristes sont Diego Rodriguez, José Villarrubia et Andrew Dalhouse. L'Espagnol Juan José Ryp produit les dessins et l'encrage du second arc (#19-22), dont la mise en couleurs est confiée à Dalhouse. Les #23-26 sont dessinés et encrés par Tomás Giorello, sauf trois planches d'Isaac Goodhart ; Rodriguez en est le coloriste.
Précédemment, dans "X-O Manowar" : Rentré parmi les siens, Aric se rend chez Saana et frappe à la porte. D'abord radieuse, elle se décompose en le voyant. Le croyant mort, elle a refait sa vie avec Volo. Par la suite, il confirme son soutien à Capshaw.
De nos jours : en suspension dans l'espace, au-dessus de la Terre, Aric ne sait pas comment réagir. Shanhara, son armure, insiste : il doit prendre une décision. Il demande un moment pour réfléchir. Ses souvenirs le font remonter en 393 apr. J.-C., où Théodose Ier signe des traités de paix avec les Wisigoths pour endiguer la menace hunnique ; mais beaucoup à Rome rejettent les Wisigoths et ne laissent aucune chance à leur intégration. Alaric, "le plus grand chef wisigoth de cette époque", a donc choisi de refuser de signer ce traité avec Rome. Il est conscient que ses hommes devront se battre - et saigner - pour les Romains s'il le ratifie.
Kindt clôt sa période sur "X-O Manowar" d'une manière très satisfaisante. "Barbares" est intéressant en cela que l'armure Shanhara en est presque absente. L'arc revient sur les tribulations de notre Wisigoth, neuf ans avant son enlèvement par les Vignes ; sa jeunesse, en quelque sorte. Ballotté d'un cadre à un autre, Aric est tour à tour en mission, fugitif, puis combattant enrôlé de force dans la légion romaine et enfin gladiateur. "Barbares" se lirait presque une bande dessinée d'aventures classique se déroulant pendant l'antiquité, s'il n'y avait l'introduction et la conclusion. Ensuite, "Agent", ventre mou de l'album. Bien que facilement compréhensible, il contient des références à d'autres titres, "Divinity" (dans lequel fut créé David Camp), "Harbinger Wars: Blackout" (qui narre ce qui est arrivé au "Pacific Princess"), et "Eternity" (où Atom-13 apparaît pour la première fois). Le début de l'arc est classique. D'abord son adversaire, Atom-13 devient allié d'Aric dans une histoire qui souffre d'une surdose de castagne et de palabres ampoulées et indigestes, mais dont l'humour n'en est pas exclu. "Héros" est une aventure aussi tendue et passionnante qu'inattendue. Ici, la lecture du tome deux s'avère plus nécessaire qu'ailleurs : deux anciennes connaissances d'Aric brûlent de le retrouver, afin de se venger. Cela se solde par un quiproquo intéressant et le retour d'un personnage-surprise qui ravira le cœur du lecteur. L'épilogue présente un Aric apaisé. Désormais un stéréotype de superhéros ("rentré dans le moule"), il sauve des mineurs d'un accident, débusque des pirates informatiques, appréhende des terroristes, avant de rejoindre l'amour de son foyer. Point commun entre les trois arcs ? Une Shanhara en retrait ; soit elle est absente, soit sa supériorité technologique est sérieusement diminuée. Aric est donc davantage exposé, mais ce n'est pas parce que l'armure est déficiente que le Wisigoth renâcle au baston. Enfin, le lecteur remarquera qu'aucun des trois arcs n'est définitivement conclu ; cela rend cette fin de période éditoriale intéressante - narrativement et scénaristiquement -, même si la gestion du personnage de Sabbas amène bien des questions.
Malgré la diversité de styles, la partie graphique est plaisante. Le coup de crayon de Hairsine a un rendu brut, proche du crayonné ; il fait subtilement illusion en dépit des finitions inconsistantes. La colorisation terne ne valorise pas l'ensemble. Cependant, la double page du conte est admirable. Le contraste avec le travail de Ryp est élevé. Net, précis, soigné, le trait de ce dernier se caractérise par une expressivité marquée ; le détail est dense et organique (à l'exception de deux planches du #19). Certaines scènes débordent de dynamisme et d'énergie, grâce à l'approche remarquable qu'a Dalhouse de la lumière. Giorello a un trait réaliste et spectaculaire ; pour l'expressivité, il privilégie le regard. Son encrage sophistiqué pourrait rendre la colorisation superflue. Bien qu'aléatoire, la densité de détail peut impressionner.
La traduction est effectuée par Mathieu Auverdin, du studio MAKMA. Texte impeccable, ni faute ni coquille. Pour "situation", "problème" est préférable à... "situation".
Kindt livre une conclusion convaincante à son run sur "X-O Manowar" ; le scénariste y relativise la toute-puissance de l'armure (c'est Aric qui fait l'armure, pas l'inverse) et il nous rend un Wisigoth qui a mûri, au bout du compte. Voilà une période éditoriale qui, dans l'ensemble, peut même prétendre rivaliser avec la précédente.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbüz
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X-O Manowar, Aric de Dacie, Atom-13, David Camp, Hesnid, Rawn, Schon, Matt Kindt, Valiant Comics, Bliss Comics
1 seul tome de 245 pages, et dire qu'en VO ça a été découpé en 3 tomes.
RépondreSupprimerDes trois chapitres, c'est le premier qui m'avait le moins intéressé, contrairement à toi. C'est également une période éditoriale que j'ai beaucoup aimé, en sachant que je partais avec un a priori très favorable pour Matt Kindt, mais aussi, par voie de conséquence, des attentes élevées.
Barbarians - A priori, le lecteur est revenu à la série pour pouvoir suivre les aventures d'Aric en armure, c’est-à-dire ce que promet le titre : X-O Manowar. Il ressent une impression mitigée, à la fois content de pouvoir découvrir un nouveau récit réalisé par l'équipe créative de Divinity, à la fois un peu déçu de voir qu'il se déroule avant qu'Aric ne possède l'armure. Au fil de sa lecture, ce sentiment partagé demeure, à la fois pour la narration visuelle (une reconstitution historique superficielle, mais une narration visuelle à l'efficacité impeccable), à la fois pour l'intrigue (cousue de fil blanc, mais avec un nouveau personnage assez original). 4 étoiles pour un récit inattendu, mais pas assez étoffé.
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Agents (5 étoiles) - Le lecteur sait bien que la série X-O Manowar est un boulot semi-alimentaire pour Matt Kindt qui construit des chapitres sur la base d'une idée. Si celle-ci est consistante, le tome correspondant est consistant. S'il s'agit plus d'une idée directrice, la réussite du tome doit alors beaucoup à l'implication du dessinateur. Pour ce tome 6, Matt Kindt construit une intrigue nourrie par des éléments en provenance d'autres récits écrits par lui, et Juan José Ryp a visiblement pris plaisir à mettre en image l'histoire. Du coup, le résultat est une histoire d'aventures inventive, compréhensible pour les nouveaux arrivants, plus riche pour les lecteurs réguliers des séries de Kindt pour Valiant. Les visuels sont descriptifs à souhait, avec une bonne gestion du mouvement et du spectaculaire.
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Hero (5 étoiles) - Le lecteur peut se dire que Matt Kindt ne s'est pas trop forcé pour cette dernière aventure, en montrant que Daric de Dacie continue de devoir affronter les conséquences de ses nombreuses batailles, même celles s'étant déroulées sur une planète aussi éloignée que Gorin. D'un autre côté, il ne boude pas son plaisir au spectacle de l'affrontement entre X-O Manowar et ces 2 mercenaires tenaces et compétents. Il entame alors le dernier épisode qui fait office d'épilogue ou de conclusion. Dans les cellules de texte, le lecteur découvre les pensées d'Aric de Dacie, son crédo quant à sa situation présente. Il commence par indiquer que sa façon de penser a évolué, qu'il a appris à mettre les choses en perspective. Plus précisément, il a appris à voir tout ce qui a été accompli, par tous les êtres humains, l'histoire écrite par l'humanité. Il conçoit maintenant l'Histoire comme une collaboration, l'univers comme un environnement qui existait avant lui et qui existera après lui, construit par tous ceux qui l'ont précédé. Sa volonté est d'ajouter à cette histoire. Le lecteur se rend compte que cette façon de voir les choses est ce qui fait d'Aric un héros, comme l'annonce le titre de ce dernier tome. Il peut aussi se rendre compte que Matt Kindt joue sur le double sens du mot histoire : à la fois celle de l'humanité, mais aussi celles que lui écrit en tant qu'auteur. Du coup, le crédo d'Aric peut aussi se lire comme celui de l'auteur.
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1 seul tome de 245 pages, et dire qu'en VO ça a été découpé en 3 tomes. - Surprenant, en effet. J'apprécie d'autant plus la décision de Bliss Comics de tout regrouper en un seul tome.
Supprimer"Le lecteur sait bien que la série X-O Manowar est un boulot semi-alimentaire pour Matt Kindt" - Tu crois qu'il perçoit vraiment la série comme ça ? Je sais bien que "X-O Manowar" n'est pas du "creator-owned", mais quand même...
Tu as apprécié "Agents" alors que c'est l'arc qui m'a le moins emballé, de loin.
J'ai les deux albums du cinquième volume. Je suppose que je ne vais pas tarder à les lire.