"Le Sacrifice" est le vingt-neuvième volume de "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en novembre 2006. Il s'agit du dernier des trois tomes du "Dernier voyage", le huitième cycle.
L'histoire est écrite par Jean Van Hamme. C'est son dernier scénario : il se retire de la série l'année suivante. La couverture et les illustrations sont réalisées par Grzegorz Rosiński, à la couleur directe ; le dessinateur, lui, a annoncé en août 2018 qu'il quittait le titre. Cet album compte quarante-six planches.
À l'issue du tome précédent, Jolan localise Thorgal grâce à ses visions ; son père est vivant, mais moribond. Kriss se sacrifie afin que la famille Ægirsson parvienne à échapper aux soldats.
Le seigneur des lieux est en pleine partie de chasse. L'un de ses hommes regrette que le cerf ait réussi à se dérober à cause de la pluie, mais son maître l'attrapera la prochaine fois ; après tout, il est le meilleur chasseur de la région. À ces mots, le noble gifle le flatteur d'un revers de la main ; si le stupide cheval de ce dernier n'avait pas henni au moment crucial, la proie aurait fini en rôtis sur leur table. Sur ces paroles, il pique des éperons et file vers son château sous une averse battante. Aaricia, portant Aniel, Jolan et Louve l'attendent à l'entrée du pont-levis. Du haut de sa monture, plein de hargne méprisante, il leur demande qui ils sont. Aaricia le prie d'accepter de les accueillir quelques jours en sa demeure ; son mari est mourant, on leur a volé leurs chevaux, et ils ont faim. Excédé, le châtelain l'interrompt brusquement. Son domaine n'est pas un asile pour ces va-nu-pieds, d'autant qu'ils sont certainement malades et infestés de parasites. Il leur ordonne de déguerpir de ses terres. Aaricia insiste et pose la main sur sa cuisse ; mais l'homme la pousse à terre d'un coup de pied, lui hurle de ne pas le toucher, et lui enjoint d'aller crever ailleurs, sous peine qu'il les fasse noyer dans ses douves. Puis il traverse le pont-levis avec la troupe sans plus se soucier d'eux...
Il sera utile de relire "Aaricia" afin de saisir toutes les références de l'aventure. Mais qu'il est loin, le Northland des Ægirsson, et que le chemin qui y mène est long et parsemé d'embûches ! La famille agrandie - puisqu'Aaricia fait office de mère de substitution pour l'enfant que Kriss de Valnor a eu avec Thorgal - continue, tant bien que mal, leur pénible périple. "Le Sacrifice" résonne comme un écho au "Mal bleu". Là où Thorgal tentait tout pour ramener le remède nécessaire à la guérison de son fils, c'est ici pour sa propre vie qu'il doit lutter. Jolan choisit de se lancer dans cette (énième) quête aux côtés de son père, dans un voyage qui pourra être qualifié d'initiatique : mondes parallèles, créatures fantastiques, situations périlleuses, puis la rencontre avec l'inquiétant et mystérieux Manthor, à qui certains lecteurs trouveront une ressemblance évidente avec le Dr Fatalis (Dr Doom en VO). Le garçon, après le passage d'une porte symbolique (planches 39 à 42), devient l'acteur principal de cette histoire, mène cette recherche jusqu'à son dénouement, et, désormais, tiendra une place prépondérante dans la série. Van Hamme, pour le bien de son intrigue, fait appel à des personnages bien (trop ?) connus du public : la Gardienne des Clés et Vigrid, qui remplit son rôle de deus ex machina, et le nain Tjahzi, bien qu'il n'apparaisse pas. En parallèle, Aaricia parvient enfin à son but, pour s'apercevoir que l'accueil de ses congénères est loin d'être chaleureux. Van Hamme produit un récit savamment construit à l'atmosphère fantastique fortement imprégné de mythologie nordique, mais qui ne se renouvelle guère. Graphiquement, il s'agit d'un tome spécial, puisque c'est ici que Rosiński se met à la couleur directe ; c'est un défi et surtout une belle remise en question pour un artiste de soixante-cinq ans qui n'avait sans doute plus grand-chose à prouver. Malgré quelques cases manquant d'émotions, le résultat est remarquable : dès la première planche, une forêt sombre, hostile sous un firmament de plomb. Lui succèdent l'arc-en-ciel de Vigrid et de superbes teintes automnales. Suivent la neige et l'été ; Rosiński parcourt les saisons. Le village, sous son manteau hivernal, et les faciès arides de ses habitants, semble émerger d'une peinture de Brueghel l'Ancien (1525-1569). Thorgal porte maintenant la barbe ; il accuse le poids de ses aventures ainsi qu'une réelle fatigue.
À l'issue du tome précédent, Jolan localise Thorgal grâce à ses visions ; son père est vivant, mais moribond. Kriss se sacrifie afin que la famille Ægirsson parvienne à échapper aux soldats.
Le seigneur des lieux est en pleine partie de chasse. L'un de ses hommes regrette que le cerf ait réussi à se dérober à cause de la pluie, mais son maître l'attrapera la prochaine fois ; après tout, il est le meilleur chasseur de la région. À ces mots, le noble gifle le flatteur d'un revers de la main ; si le stupide cheval de ce dernier n'avait pas henni au moment crucial, la proie aurait fini en rôtis sur leur table. Sur ces paroles, il pique des éperons et file vers son château sous une averse battante. Aaricia, portant Aniel, Jolan et Louve l'attendent à l'entrée du pont-levis. Du haut de sa monture, plein de hargne méprisante, il leur demande qui ils sont. Aaricia le prie d'accepter de les accueillir quelques jours en sa demeure ; son mari est mourant, on leur a volé leurs chevaux, et ils ont faim. Excédé, le châtelain l'interrompt brusquement. Son domaine n'est pas un asile pour ces va-nu-pieds, d'autant qu'ils sont certainement malades et infestés de parasites. Il leur ordonne de déguerpir de ses terres. Aaricia insiste et pose la main sur sa cuisse ; mais l'homme la pousse à terre d'un coup de pied, lui hurle de ne pas le toucher, et lui enjoint d'aller crever ailleurs, sous peine qu'il les fasse noyer dans ses douves. Puis il traverse le pont-levis avec la troupe sans plus se soucier d'eux...
Il sera utile de relire "Aaricia" afin de saisir toutes les références de l'aventure. Mais qu'il est loin, le Northland des Ægirsson, et que le chemin qui y mène est long et parsemé d'embûches ! La famille agrandie - puisqu'Aaricia fait office de mère de substitution pour l'enfant que Kriss de Valnor a eu avec Thorgal - continue, tant bien que mal, leur pénible périple. "Le Sacrifice" résonne comme un écho au "Mal bleu". Là où Thorgal tentait tout pour ramener le remède nécessaire à la guérison de son fils, c'est ici pour sa propre vie qu'il doit lutter. Jolan choisit de se lancer dans cette (énième) quête aux côtés de son père, dans un voyage qui pourra être qualifié d'initiatique : mondes parallèles, créatures fantastiques, situations périlleuses, puis la rencontre avec l'inquiétant et mystérieux Manthor, à qui certains lecteurs trouveront une ressemblance évidente avec le Dr Fatalis (Dr Doom en VO). Le garçon, après le passage d'une porte symbolique (planches 39 à 42), devient l'acteur principal de cette histoire, mène cette recherche jusqu'à son dénouement, et, désormais, tiendra une place prépondérante dans la série. Van Hamme, pour le bien de son intrigue, fait appel à des personnages bien (trop ?) connus du public : la Gardienne des Clés et Vigrid, qui remplit son rôle de deus ex machina, et le nain Tjahzi, bien qu'il n'apparaisse pas. En parallèle, Aaricia parvient enfin à son but, pour s'apercevoir que l'accueil de ses congénères est loin d'être chaleureux. Van Hamme produit un récit savamment construit à l'atmosphère fantastique fortement imprégné de mythologie nordique, mais qui ne se renouvelle guère. Graphiquement, il s'agit d'un tome spécial, puisque c'est ici que Rosiński se met à la couleur directe ; c'est un défi et surtout une belle remise en question pour un artiste de soixante-cinq ans qui n'avait sans doute plus grand-chose à prouver. Malgré quelques cases manquant d'émotions, le résultat est remarquable : dès la première planche, une forêt sombre, hostile sous un firmament de plomb. Lui succèdent l'arc-en-ciel de Vigrid et de superbes teintes automnales. Suivent la neige et l'été ; Rosiński parcourt les saisons. Le village, sous son manteau hivernal, et les faciès arides de ses habitants, semble émerger d'une peinture de Brueghel l'Ancien (1525-1569). Thorgal porte maintenant la barbe ; il accuse le poids de ses aventures ainsi qu'une réelle fatigue.
"Le Sacrifice" est un album qui évoque le sacrifice désintéressé, pur, total pour sauver l'être aimé. C'est aussi le récit de la transmission d'un père à son fils, le passage d'une génération à la suivante ; un Thorgal vieilli cède la place à un Jolan étonnant.
Voici donc une page qui se tourne, à la fois pour le départ de Jean van Hamme, à la fois pour toi puisque tu as indiqué qu'il s'agit du dernier tome dont tu as programmé la lecture, mais encore pour Rosiński qui passe à la couleur directe. Au vu de la note, les auteurs terminent plutôt sur un bon tome.
RépondreSupprimerJe suis impressionné par ta capacité à faire preuve d'un esprit critique intact pour chaque tome indépendamment, sans te laisser gagner par le confort de retrouver des personnages avec lesquels tu as tissé un lien affectif au fil de dizaines de pages.
Van Hamme sort sur un bon album, dans lequel il reprend les grands ingrédients de la série. D'un point de vue tout à fait personnel, je suis satisfait d'avoir lu et chroniqué ces vingt-neuf tomes, sans pouvoir m'empêcher de ressentir un léger pincement de cœur à l'idée de quitter ce titre monumental.
SupprimerJe t'écrivais récemment que j'avais lu "Aniel", le trente-sixième tome ; suite à cela, il est - pour le moment - peu probable que je me remette à cette série avant un moment. Peut-être me reposerai-je la question à la sortir du tome 58 !
Je comprends tout à fait ta satisfaction d'avoir commenté 29 tomes, l'un après l'autre, et d'être arrivé au bout. J'ai déjà ressenti un tel sentiment, celui du chemin parcouru, celui de l'atteinte de l'objectif fixé, celui d'avoir consacré le temps et l'énergie voulus pour se donner les moyens d'apprécier une œuvre significative.
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