"Le Sanctuaire du Gondwana", dix-huitième tome de "Blake et Mortimer", est la suite directe et conclusion du diptyque des "Sarcophages du 6e continent". Cet album de cinquante-quatre planches est sorti en 2008 aux Éditions Blake et Mortimer. Dans la chronologie du titre, cette aventure prend place entre "La Machination Voronov" et "Le Testament de William S.", l'éditeur et les auteurs essayant d'architecturer une continuité.
L'équipe artistique est la même que celle des "Sarcophages du 6e continent" : le scénario est d'Yves Sente, les dessins sont d'André Juillard, la mise en couleurs est de Madeleine De Mille.
L'équipe artistique est la même que celle des "Sarcophages du 6e continent" : le scénario est d'Yves Sente, les dessins sont d'André Juillard, la mise en couleurs est de Madeleine De Mille.
Tanganyika, été 1958. Voilà plusieurs mois que la région centrale du pays est frappée par une sécheresse dont le lac du cratère Ngorongoro a également souffert. Ce soir-là, pourtant, un orage s'annonce. Malgré cette météo menaçante, le professeur Heidegang n'a pas renoncé à son exploration de l'endroit. Deux guides autochtones, Jomo et Kyu, mènent sa pirogue. Jomo affirme qu'il n'a jamais vu des eaux aussi basses à cet endroit. Kyu, lui, prévient qu'il faut se méfier des hippopotames. Le scientifique allemand repère une cavité, l'entrée d'un tunnel, révélée par la baisse du niveau du lac. Ils y engouffrent leur barque, malgré les avertissements des deux accompagnateurs : les esprits ne veulent pas qu'ils aillent plus loin, et puis, la pluie commençant à tomber, l'eau peut remonter rapidement. Ils continuent néanmoins à avancer dans l'obscurité. Dirigeant le faisceau de sa torche électrique, Heidegang note que le passage s’élargit progressivement. Ce dernier débouche effectivement dans une grotte somptueusement décorée d'étranges fresques murales représentation des animaux, avec, au bout, un massif portail de pierre recouvert de grandes spirales dorées au centre desquelles figure un curieux emblème. L'explorateur est estomaqué. Il aperçoit une lueur phosphorescente au fond de l'eau. Il commence à se dévêtir pour plonger ; le tonnerre retentit alors dans le tunnel...
Il faut avoir en mémoire les deux parties des "Sarcophages du 6e continent" avant d'attaquer "Le Sanctuaire du Gondwana". Avec le temps et au fil des lectures, cet album plutôt médiocre dans l'ensemble s'inscrit hélas dans la lignée des deux précédents, dont il est la véritable conclusion. Sente, pourtant, a de bonnes idées. Il envoie nos héros en Afrique noire, restant ainsi fidèle au parfum d'exotisme et à la tradition d'aventure de la série, ou donne des rôles importants à Nastasia Wardynska et Sarah Summertown, les deux personnages féminins qui rejoignent l'équipe (en cela, d'aucuns diront qu'il tente surtout de faire survive ses propres créations). La trouvaille la plus remarquable est ce qui est arrivé à Mortimer et Olrik à l'issue du "Duel des esprits". Sente, concrètement, ne semble cependant savoir qu'en faire ; les projets d'Olrik ne sont dévoilés à aucun moment, et il est bien curieux - même invraisemblable - qu'un renégat comme le colonel puisse s’accommoder d'une situation de ce type sans chercher à en tirer profit plus que cela. Les événements se succèdent ainsi de façon linéaire, voire ennuyeuse, dans une histoire qui lorgne autant en direction de "L'Énigme de l'Atlantide" que du chapitre consacré au LIe siècle dans "Le Piège diabolique". La confrontation avec cette civilisation disparue est sans le moindre enjeu. Cette grande "découverte" n'est pas suffisamment exploitée, ponctuée d'échanges infantiles, et cède le pas trop rapidement à l'autre partie de l'intrigue. Les dialogues sont pollués en plusieurs endroits par des excès de détails qui semblent sortis de manuels techniques, et manquent souvent de spontanéité. Enfin, Sente se serait documenté à la légère ; plusieurs incohérences de nature scientifique ont été relevées par certains lecteurs pointus, notamment en ce qui concerne l'utilisation de la théorie de la dérive des continents. La partie graphique est plutôt satisfaisante, même si l'univers visuel de Jacobs reste hors de portée. Juillard réalise un travail remarquable en termes de découpage. Il accorde un grand soin au respect des physionomies des personnages, bien que le visage de Mortimer soit perfectible et que Labrousse ne soit pas immédiatement identifiable dès la première vignette. L'artiste impressionne par sa minutie et par l'abondance des détails dont il remplit ses cases. La mise en couleur de De Mille est impeccable.
"Le Sanctuaire du Gondwana", malgré de très bonnes idées de départ et le travail ciselé de Juillard, est un scénario qui souffre de nombreux défauts : une linéarité vraiment perceptible, des dialogues trop touffus, et une intrigue sans conséquence.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Barbuz
Décidément Yves Sente en prend pour son grade, et dire qu'il en a encore écrit 5 autres tomes. Voilà qui me rend très inquiet pour la qualité du tome dessiné par Schuiten : est-il possible de s'approprier Blake & Mortimer avec respect, sans radoter en moins bien, ou de manière stérile ?
RépondreSupprimerIl ne te reste plus qu'à espérer que Jean Van Hamme sera aussi en forme pour La malédiction des trente deniers, qu'il l'était pour L'affaire Francis Blake. :)
Je crois que Sente fait fausse route lorsqu'il essaye de faire du Jacobs, et qu'il est plus inspiré avec des histoires de facture plus classique (espionnage, etc.) ; c'était notamment le cas avec "La Machination Voronov", qui est un bon album, malgré quelques tics narratifs.
SupprimerJe viendrai assez vite à "La Malédiction des trente derniers", effectivement.