Ce tome est le vingtième de l'intégrale que Panini Comics France consacre à la franchise "X-Men", et le quinzième aux X-Men "2.0". Paru en août 2011, il contient les versions françaises de six numéros de la série régulière, les "Uncanny X-Men" #225-230 (janvier à juin 1988) ; étrangement (encore une fois, c'est Panini Comics...), ce recueil compte aussi les versions françaises des "Magik" #1-4, sortis antérieurement, entre décembre 1983 et mars 1984. Ces numéros constituent une minisérie complète - en quatre épisodes - dont le titre complet est "Magik: Illyana and Storm". Ce recueil, de dimensions 17,7 × 26,8 centimètres, à couverture cartonnée et jaquette amovible, inclut deux cent cinquante pages en couleurs.
Chris Claremont scénarise les numéros de la série régulière et en coécrit un avec Tom DeFalco. Marc Silvestri en est le dessinateur attitré. Ses planches sont encrées par Dan Green, ou Joe Rubinstein (pour un unique numéro). Rick Leonardi illustre le #228 ; c'est Terry Austin qui encre son travail. Glynis Oliver et William Wray se répartissent la colorisation. Claremont écrit aussi "Magik". "Big" John Buscema (1927-2002) en dessine la moitié ; Ron Frenz et Sal Buscema, un numéro chacun. Les planches sont encrées par Tom Palmer ; Wein et Ken Feduniewicz se divisent la mise en couleurs.
À l'issue du tome précédent, Ororo poignarde Forge, pensant l'empêcher de libérer le Chaos. Ils se jettent dans le vide, mais leurs énergies sont absorbées par l'espace. Nazé rit, le monde est à lui.
Écosse, centre-ville d'Édimbourg. C'est l'été. Assis sur un muret, Peter Raspoutine se livre à son passe-temps favori : sur un bloc de croquis, il dessine les X-Men et le Fléau. De jeunes garçons du quartier s'intéressent à son art et l'inondent de questions : Que fait-il ? Est-il dessinateur ? Artiste ? Sa composition les inspire ; ils recréent alors (pour s'amuser) l'affrontement qui avait opposé les X-Men au Fléau et avait causé de terribles dégâts matériels en ville...
La lecture de ces intégrales peut s'avérer frustrante. D'abord, parce que Claremont prolonge certaines intrigues. Cela fait quarante numéros - soit presque quatre ans - qu'Ororo est privée de ses pouvoirs et qu'elle se demande si elle les récupèrera un jour. Sa relation - déjà compliquée - avec Forge est devenue vaguement triangulaire avec l'Adversaire/Nazé. Les noirs desseins de celui-ci et la confrontation finale entre Ororo et Forge n'en finissent plus d'accoucher dans un développement conceptuel prétentieux et de plus en plus verbeux. Cela aboutit à un dénouement chaotique dont l'ampleur est bien trop spectaculaire : le lecteur n'entrevoit guère de conclusion narrativement satisfaisante et ne se sent ni concerné ni impliqué. Qu'il soit néanmoins rassuré, car - il était grand temps - cela prend fin dans ces pages ! En revanche, si Claremont fait parfois durer le plaisir avec lourdeur, il lui arrive d'être expéditif avec d'autres intrigues. Les Reavers, par exemple : c'est dans ces pages qu'est créée la bande de cyborgs criminels. Sur le papier, le face-à-face avec les X-Men est prometteur et susceptible d'apporter un brin de fraîcheur, mais il n'en est rien, hélas : le combat ne dure que le temps d'un petit numéro et les leaders du gang prennent la fuite sans demander leur reste. Les Reavers, un pétard mouillé, comme Nemrod ("X-Men" : L'Intégrale 1986 (II)). En revanche, la minisérie "Magik: Illyana and Storm" constitue la bonne surprise de cet album - alors que la logique voudrait qu'elle ait été publiée antérieurement (à cheval sur 1983 et 1984). Cette mini, dérivée du titre "New Mutants", met en vedette trois personnages féminins, Illyana Raspoutine, Ororo, et Kitty Pryde, dans leur lutte pour soustraire la première à l'emprise du terrible Belasco. L'atmosphère est lugubre (le récit a les Limbes pour cadre), tragique, parfois triste, et le propos souvent cruel. Assez marquée, la linéarité de la trame ne parvient pas à empêcher le lecteur d'être captivé par ce combat à l'enjeu prenant.
Les deux parties graphiques (celle de "Uncanny X-Men" et celle de "Magik: Illyana and Storm") regorgent de talent. Il y a un manque évident d'homogénéité entre elles, sans que cela gêne la lecture ; Silvestri et Leonardi sont ancrés dans leur décennie, mais quelque chose préfigure déjà les années quatre-vingt-dix. L'encrage de Green suscitera la perplexité (toutes ces lignes, toutes ces hachures si visibles...) ; il sera difficile de se convaincre qu'il embellit vraiment les planches de Silvestri. Celles de Leonardi, en revanche, bénéficient de l'encrage d'Austin. "Magik: Illyana and Storm" est artistiquement typé fin des années soixante-dix ; son rendu est classique, mais pas daté. Frenz et les Buscema (chacun de son côté) livrent ici des numéros très satisfaisants, d'autant que l'encrage de Palmer veille à une certaine uniformité.
La traduction est confiée à Geneviève Coulomb, fossoyeuse de séries Marvel. Le lecteur retrouve ainsi une indéniable littéralité, des fautes d'orthographe ("wadi" pour "waddy"), une onomatopée non traduite ("gasp"), des anglicismes malvenus ("data").
N'attribuons que trois étoiles à cette édition (car son contenu est disparate) ainsi qu'au titre régulier (il était grand temps d'achever certaines sous-intrigues) et quatre à "Magik: Illyana and Storm", alors que cette série n'avait rien à faire dans ce tome.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
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Claremont prolonge certaines intrigues : c'est le moins qu'on puisse dire. Pourtant, j'ai bien aimé cet étirement que tu prends comme premier exemple. La perte des pouvoirs d'Ororo n'a pas été qu'un feu de paille, et le scénariste s'en est servi pour la faire évoluer, pour lui faire quitter ce rôle d'oie blanche, et la rendre plus humaine. Par opposition, je suis entièrement d'accord avec toi pour les Reavers et le gâchis de Nimrod, ainsi que le dénouement finalement peu convaincant de la lutte contre l'Adversaire. Mon avis sur cette partie de Fall of the Mutants :
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La minisérie Magik : dans un 1er temps, je n'ais pas voulu la relire, gardant un souvenir très mitigé de ma 1ère lecture, et pourtant je me suis laissé convaincre par Tornado. J'ai également été happé par l'enjeu prenant, malgré ma déception du remplacement de John Buscema. Dans le détail :
http://www.brucetringale.com/le-mal-qui-est-en-nous-x-men-magik-storm-illyana/
Oui, pour moi, la minisérie "Magik" a été une bonne surprise, malgré mon agacement de voir une histoire datant de 1983-1984 intégrée dans un volume consacré aux numéros de 1988. Je crois que mon impression de lenteur et d'étirement des histoires est aussi dû à la politique éditoriale fourre-tout de Panini Comics.
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