lundi 28 mars 2016

Batman : "Absolution" (Panini Comics ; octobre 2006)

"Absolution" est un album cartonné de quatre-vingt-seize planches, publié par Panini Comics dans la collection DC Icons en 2006. En VO, ce "graphic novel" (le titre est le même) est sorti en 2002.
J. M. (John Marc) DeMatteis en a écrit le scénario. Il a travaillé pour Marvel et sur de nombreux titres de DC Comics : "Justice League of America", "Justice League International", "Justice League Europe", "Doctor Fate", "Booster Gold", ou, plus récemment, "Justice League Dark". Il a remporté un prix Eisner en 2004 pour "Formerly Known as the Justice League". Brian Ashmore en a réalisé les dessins, ou plutôt, les peintures. C'est un artiste peu connu du grand public qui, à part cet album et "Nightmerica", une mini-série consacrée à Hulk, a peu travaillé pour les deux majors.

De nos jours, en Inde, à soixante-quinze kilomètres de Pune, à la mission locale des Sisters of Mercy (Sœurs de la Miséricorde). Une femme entre deux âges donne le bain à un lépreux âgé. En sueur, les yeux cernés et les traits tirés, elle semble épuisée. Une sœur la supplie de se ménager, mais elle refuse catégoriquement.
Dix ans plus tôt, à Gotham City. Un groupe terroriste d'extrême gauche organise un attentat à l'explosif ayant la Tour Wayne pour cible en plein jour, alors que l'immeuble est occupé et que Bruce Wayne lui-même y assiste à une réunion. L'explosion fait de nombreuses victimes, pour la plupart des employés de Wayne Enterprises. Batman ne peut qu'assister aux morts de plusieurs d'entre eux, parmi lesquels se trouvent quelques amis de Wayne.
Cet attentat est revendiqué par une certaine Jennifer Blake, vingt-six ans, leader des Enfants de Maya, le groupuscule en question. La vidéo de revendication des Enfants de Maya passe sur toutes les chaînes de télévision. Blake y regrette la mort d'innocents, mais affirme que cette tragédie était nécessaire afin que le message des Enfants de Maya soit entendu. Blake souhaite réveiller les consciences des citoyens, selon elle endormis par les politiciens et les marchands, des manipulateurs et des menteurs qu'elle accuse de maintenir des "illusions réconfortantes". Batman catalogue Blake comme fanatique aveugle, monomaniaque et réfractaire à tout avis différent. Mais il est lucide : ce profil psychologique ne pourrait-il pas être le sien ?
Aujourd'hui, à Gotham City. Batman fait le ménage dans une rue d'un quartier mal famé, avant de se diriger d'un pas décidé vers une demeure délabrée. Il a retrouvé la trace de Mitch Maguire, un ancien membre des Enfants de Maya, revenu à Gotham City. Maguire est surpris. Il défend sa peau, mais ne parvient pas à échapper à Batman. Le justicier va le faire parler afin d'apprendre où se cache Jennifer Blake...

"Absolution" est un face-à-face entre un Batman impitoyable qui, malgré des doutes, se refuse à se laisser aller à la moindre compassion, et une terroriste en bout de course, épuisée, qui cherche désespérément une impossible rédemption - voire l'absolution - pour laver tout le sang des innocents qu'elle a sur les mains. DeMatteis va mettre Batman à la merci de son ennemie dans un scénario original, riche en rebondissements et surprenant, puisqu'il nous emmène loin de Gotham City et de ses habituels super-criminels. Dialogues et caractérisation des personnages sont réussis.
Les planches d'Ashmore sont splendides. Ses personnages sont particulièrement expressifs - peut-être cette expressivité est-elle parfois un tantinet exagéré. Sans doute est-ce la peinture, mais l'action de ses illustrations, bien que celles-ci soient fabuleuses, semble parfois très statique, même si parfaitement lisible grâce au découpage classique de l'artiste. Le travail sur la couleur et sur les contrastes est remarquable.

La traduction de Jérémy Manesse est largement satisfaisante ; elle est à peine perfectible. C'est du bon travail. Par contre, la très petite taille de la police, notamment dans les cartouches narratifs, peut rendre la lecture parfois difficile, voire pénible.

"Absolution" est bien plus qu'une curiosité qui fait voyager le Chevalier noir en Inde. C'est une œuvre sombre qui revient sur la nature profonde du justicier masqué. C'est l'un des meilleurs "Graphic Novels" consacrés à Batman au début des années 2000.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

samedi 26 mars 2016

Superman et Shazam : "Coup de tonnerre" (Panini Comics ; septembre 2006)

"Coup de Tonnerre" est un album à couverture flexible de cent vingt-huit planches édité par Panini Comics dans leur collection DC Heroes en 2006. C'est une histoire complète de Superman et Shazam. En VO, cette mini-série de quatre numéros a été publiée entre novembre 2005 et février 2006 sous le titre "First Thunder".
Le scénario a écrit par Judd Winick. Les dessins, l'encrage et la mise en couleur ont été réalisés par Joshua Middleton. Winick a travaillé sur les titres Green Lantern, Green Arrow, Batman ou Catwoman (ses dernières collaborations en date avec DC Comics). Middleton est surtout un artiste de couverture qui travaille aujourd'hui pour Warner Brothers Animation, notamment sur "Green Lantern: The Animated Series", en collaboration avec Bruce Timm.

Dans sa salle du trône, le sorcier Shazam est perdu dans ses pensées. Il voit l'avenir, de nouveaux super-héros (Wonder Woman, Flash et Green Lantern) émerger aux côtés de ceux qui luttent déjà.
Fawcett City, de nos jours. Le pilote d'un monomoteur de tourisme survolant la ville perd le contrôle de son appareil ; les commandes ne répondent plus, et l'avion plonge vers la 10e rue, où il menace de s'écraser. Les passants, curieux, réalisent trop tard ce qu'il se passe et la catastrophe semble imminente. Certains semblent alors entendre un coup de tonnerre. Un homme costumé apparaît et empêche le pire. Il se présente : Captain Marvel.
Trois mois plus tard, la nuit, au musée d'histoire naturelle de Metropolis. Des cambrioleurs suréquipés s'emparent de pièces provenant d'Europe. Alors qu'ils sont en train d'embarquer un totem, Superman intervient ; il a neutralisé trois d'entre eux. Les trois restants utilisent chacun un objet magique pour invoquer un monstre rappelant le troll. Lorsque Superman finit par prendre le dessus, le monstre part en fumée et les malfaiteurs sont déjà loin.
Ailleurs et peu après, le centre solaire de Fawcett City est pris d'assaut par deux robots gigantesques. Captain Marvel met les colosses métalliques hors d'état de nuire. Mais pour quelle raison ont-ils attaqué le centre, dont l'objectif est d'alimenter la ville en énergie ? Captain Marvel et le Dr. Gordon, le conseiller scientifique en chef du centre solaire, ne peuvent que spéculer.
Captain Marvel redevient le jeune Billy Batson et rentre "chez lui", une station de métro désaffectée. Billy y retrouve son meilleur ami, Scott Cooper. Billy se réjouit de lire des articles de presse relatant les récents exploits de Captain Marvel. Scott lui a apporté des vêtements propres et tente de le convaincre de rejoindre sa famille d'accueil. Mais Billy répond par la négative. Les familles d'accueil ? Il a déjà donné...

"Coup de tonnerre" conte la première rencontre entre Superman et Shazam. L'intrigue est un prétexte pour rappeler que Captain Marvel tire ses pouvoirs de la magie, l'un des points faibles de Superman. La caractérisation des personnages deux super-héros est une réussite et le face-à-face entre ces deux cabotins de Sivana et Luthor est plein d'humour. Le dernier chapitre est particulièrement émouvant, bien que Winick ne laisse pas le moindre scrupule à Sivana. "Coup de tonnerre" peut être lu indépendamment de toute continuité. C'est une histoire accessible et bien écrite.
Le style graphique de Middleton est inspiré de l'univers du dessin animé. Le découpage, classique, permet d'obtenir une lisibilité exemplaire. Le trait est net et soigné et le travail sur la couleur et les contrastes entre ombre et lumière est remarquable. Notons que les cartouches des monologues sont personnalisés, ce qui permet au lecteur de s'immerger plus facilement dans les pensées du personnage en question.

La traduction a été réalisée par Khaled Tadil, qui réalise ici un très bon travail, bien que deux fautes se soient glissées dans le texte. Les couvertures des numéros VO figurent en fin de recueil ; elles auraient pu être intercalées entre chaque chapitre.

Le personnage de Shazam est peu édité en Francophonie, mais le matériel choisi est de qualité (Soleil et Urban Comics). Bien qu'il ne s'agisse pas d'un indispensable, "Coup de tonnerre" mérite néanmoins une réédition en album à couverture cartonnée.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

jeudi 24 mars 2016

JLA : "Justice" (volume 1) (Panini Comics ; juillet 2006)

En 2006, Panini Comics France sortaient le premier des quatre tomes de "Justice" sous la forme d'un album à la couverture cartonnée comptant quatre-vingt-seize planches. Les quatre volumes seront publiés dans la collection DC Icons de Panini Comics. En VO, cette saga consacrée à la Ligue de Justice, également intitulée "Justice", est une mini-série éditée en douze numéros entre octobre 2005 et août 2007, et, à ce jour, rééditée deux fois.
"Justice" a été réalisé par Jim Krueger, Alex Ross et le Britannique Doug Braithwaite. L'histoire a été conçue par Krueger et Ross. Krueger en a développé le scénario. Bien que cela ne soit pas clairement précisé dans les crédits, les dessins sont de Braithwaite et l'encrage de Ross. Braithwaite, a, entre autres, travaillé sur "Batman" ou "Green Arrow". Il n'est peut-être plus nécessaire de présenter Alex Ross. Outre "Kingdom Come" (1996), avec Mark Waid, Ross a réalisé, avec Paul Dini, une série d'albums remarquables consacrés aux plus grands super-héros DC Comics.

"Justice" commence par un cauchemar. Le cauchemar ultime : celui de l'extinction de l'humanité suite à un conflit nucléaire. L'Asie, le Proche-Orient, l'Europe et les États-Unis sont frappés. Un narrateur invisible conte les derniers instants de l'humanité et l'impuissance de la Ligue de Justice. Il regrette amèrement que l'humanité s'en soit entièrement et aveuglément remise aux super-héros, incapables de la protéger en ce jour. L'étendue des pouvoirs de Superman est insuffisante et semble dérisoire ; il ne peut sauver ni Metropolis, qui sombre dans les flammes, ni Lois Lane. Wonder Woman ne peut plus nier qu'elle est faite d'argile ; elle tente à grand-peine de retenir un immense mur afin d'éviter qu'il ne s'écrase sur des enfants, mais son propre corps s'effrite. La vitesse de Flash ne l'empêche pas d'arriver trop tard ; il ne trouve aucun survivant. Le Limier martien meurt dans les flammes et son corps se tord dans la folie. L'anneau du Green Lantern Hal Jordan finit par s'épuiser. Hawkman a les ailes brûlées et tombe au sol. Aquaman refuse d'accueillir des survivants, la mer charriant déjà d'innombrables cadavres de créatures marines. Green Arrow et Black Canary comprennent qu'il faut se résoudre à mourir. Batman se réfugie dans la Bat-Cave avec ses remords, emmenant avec lui autant d'enfants que possible. L'Apocalypse a eu lieu et le désastre est total, jusqu'à la destruction finale.
Tout cela n'est qu'un cauchemar, que certains super-vilains partagent de façon étrange. Black Manta, Priscilla Rich (Cheetah), le Dr. Jonathan Crane (l'Épouvantail), Winslow Percival Schott (Toyman) et d'autres s'inquiètent de la survie de l'humanité.
Pendant ce temps, Aquaman fait ses adieux à sa femme Mera et à leur fils. Une présence étrangère a investi son royaume et le monarque des mers veut en savoir plus...

Krueger met en scène des super-héros dépassés tandis qu'ils sont à la recherche de l'un des leurs. Au même moment, les super-vilains sortent de leurs tanières et s'attaquent localement à certains des grands problèmes de l'humanité (faim, désertification). Mais ces bonnes actions ne dissimulent-elles pas de plus sombres desseins ? "Justice" est sombre mais ne manque pas totalement d'humour, en témoigne le panneau publicitaire sur lequel Plastic Man pose pour une carte bancaire. La caractérisation des personnages est idéale, les monologues ou dialogues sonnent juste.
Bien que Braithwaite ait réalisé les dessins, il est indéniable que Ross s'approprie véritablement la partie visuelle, tant il marque chaque case de son empreinte grâce à sa technique de couleur directe. Le spectacle est au rendez-vous. Les personnages sont expressifs. Notons que les cartouches des monologues ont été personnalisés, ce qui permet de s'immerger plus facilement dans les pensées du personnage en question.

La traduction de Jérémy Manesse est vraiment impeccable ; le texte a été soigné. Les bonus en fin de recueil sont des fiches fictives tirées des dossiers de Batman, illustrées par Braithwaite et Ross, et présentant quelques personnages de cette saga.

"Justice" commence avec un premier tome particulièrement sombre et spectaculaire, surtout lors des premières pages. Elle s'annonce passionnante, d'autant Braithwaite et Ross nous épatent avec des planches vraiment splendides. C'est un indispensable.

Mon verdict : ★★★★★

Barbuz

dimanche 20 mars 2016

Superman : 1958-1959 (Panini Comics ; mai 2006)

En mai 2006, Panini Comics sortaient, dans leur collection DC Archives, le premier de deux tomes consacrés au Superman de la fin des années cinquante. Cet album cartonné de deux cent quarante planches contient les #241 à 247 (juin à décembre 1958) de la série "Action Comics" et les #122 à 126 (juin à septembre et novembre 1958 et janvier 1959) de la série "Superman". Ce recueil compte donc douze numéros, pour un total de vingt histoires.
Jerry Coleman et Otto Binder (1911-1974) sont au scénario, Wayne Boring (1905-1987), Kurt Schaffenberger (1920-2002), Al Plastino (1921-2013) et Dick Sprang (1915-2000), aux dessins.

"La Super-Clé de Fort Superman !" : Un visiteur insaisissable laisse un message de défi à Superman dans sa Forteresse...
"L'Énigme des trophées aliens" : Mû par une étrange volonté, Superman se lance dans la collection de trophées extraterrestres...
"Superman à la Maison-Blanche" : Suite à un coup à la tête, Jimmy Olsen rêve que Superman devient président des États-Unis...
"Le Super-Sergent !" : Superman participe à une expérience. Un incident duplique ses pouvoirs, dont un soldat va bénéficier...
"Super-Duel cosmique" : Clark Kent et Lois Lane sont les passagers d'une fusée spatiale, qui va croiser le vaisseau de Brainiac...
"La Femme d'acier !" : Superman et Jimmy Olsen portent secours à un archéologue, qui va offrir une puissante relique à Jimmy...
"La Jeune Fille et le lion !" : Superman porte secours à une jeune femme en Grèce. Elle dit descendre de la magicienne Circé...
"Le Glaive enchanté !" : Tandis que Clark Kent enquête sur la pègre, un navire découvre un chevalier congelé dans un iceberg...
"Madame Superman" : Leur hélicoptère endommagé par une météorite, Clark Kent et Lois Lane doivent sauter en parachute...
"Le Bâtisseur d'acier" : Superman se fait passer pour un ouvrier en bâtiment afin de confondre un entrepreneur peu scrupuleux...
"Un Super-Roi des mers" : Superman tente de porter secours à deux étranges extraterrestres originaires d'un monde aquatique...
"Mini-Superman !" : À la Forteresse, Lois Lane fait maladroitement tomber la bouteille de verre qui contient la cité de Kandor...
"Le Super-Songe de Lois Lane" : Suite à un accident, Lois, hospitalisée, rêve qu'elle et Clark Kent deviennent un couple super-héroïque : Power Girl et Power Man...
"Clark Kent à la fac !" : Clark Kent reçoit une invitation à la réunion des anciens élèves de sa faculté. Il se remémore alors la perspicacité du professeur Maxwell...
"Le Nouveau Pouvoir de Superman !" : En empêchant un tremblement de terre, Superman détruit une étrange petite fusée spatiale. Ses pouvoirs vont être affectés...
"Krypton-sur-Terre !" : Un promoteur immobilier semble avoir recréé la ville de Krypton, mais sur Terre ! Perry White demande à Clark Kent d'écrire un article...
"Feu les Parents de Superman" : Clark Kent, stupéfait, reçoit la visite de ses parents adoptifs, les Kent, qu'une machine à explorer le temps a envoyés du passé...
"Superman recherche Clark Kent !" : Superman recherche un antidote aux effets de la kryptonite, mais son expérience tourne mal et explose ; il perd la mémoire...
"L'Horloge maudite" : Shandu, un maître illusionniste, réalise son numéro, mais Superman s'en mêle et dévoile toutes ses astuces. Shandu maudit l'Homme d'acier...
"Les Deux Visages de Superman" : C'est à contrecœur que Lois Lane accepte un rendez-vous galant avec Chet Hartley, afin de rendre une faveur à son amie Mabel...

Dans ces aventures, Superman "devient" président des États-Unis, affronte Brainiac pour la première fois, est métamorphosé en lion, ruse systématiquement pour ne pas dévoiler son identité, est prisonnier de Kandor et tend des pièges improbables à la pègre. Graphiquement, ce Superman-là est très classique, très représentatif de l'Âge d'argent. Wayne Boring sort peut-être du lot par rapport aux autres dessinateurs.

Le nom du traducteur n'est pas précisé ; c'est sans doute Geneviève Coulomb. Le texte comporte quelques fautes de français et la traduction est perfectible. L'ouvrage comporte un prologue de Mark Waid et de courtes biographies des auteurs et artistes.

Ces récits tous publics (l'industrie s'autocensure avec le Comics Code Authority) feront sourire. Cette période de Superman n'est ni la plus fascinante, ni la plus artistiquement aboutie ; ces aventures sont burlesques, voire auto-parodiques. Mais l'imagination déployée par les équipes artistiques, sous la houlette de Mort Weisinger (1915-1978), est rafraîchissante et certaines créations (dont Brainiac) feront date.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

lundi 7 mars 2016

Justice League of America : "Le Clou 2" (Panini Comics ; avril 2006)

En 2005, Panini Comics sortaient "Le Clou" ("The Nail" en VO, 1998), une histoire de la Ligue de Justice signée Alan Davis. "Le Clou" est un "Elseworlds", c'est-à-dire un récit qui s'inscrit hors-continuité et propose une version alternative des personnages DC Comics. Quelques mois plus tard, en 2006, Panini Comics en publient la suite sous le titre "Le Clou 2", une mini-série intitulée "Another Nail" en VO et parue en trois numéros de mai à juillet 2004. L'éditeur a publié cet album cartonné de cent soixante planches dans sa collection DC Anthology (comme le premier).
"Le Clou 2" a été entièrement écrit et dessiné par Davis, connu pour son travail sur les X-Men ou Excalibur. Mark Farmer encre le travail de Davis et Patricia Mulvihill réalise la mise en couleur.

Un an plus tôt. La guerre ancestrale des New Gods entre New Genesis et Apokolips reprend. Les Gardiens d'Oa observent le conflit dégénérer, entre tempêtes gravitationnelles et comètes sorties de leurs orbites. Ils n'ont d'autre choix que de faire intervenir le Corps des Green Lanterns, qui se limite à des actions de sauvetage.
Rien ne va plus sur Apokolips. Les sbires de Darkseid ont réussi à capturer Scott Free, alias Mister Miracle, et son épouse Big Barda. Mais l'explosion accidentelle d'un Tunnel Boum a créé des dégâts irréparables. Mister Miracle ne peut davantage résister à la torture et meurt, déclenchant la colère et la rage de Big Barda, qui ne parvient cependant pas à briser ses chaînes. Darkseid, persuadé d'avoir été trahi, veut activer le Glas Oméga, une arme de destruction massive capable de vaporiser l'univers et qui doit être assemblée à partir de plusieurs composants. Les manœuvres de ses hommes sont surprises par les Gardiens, qui, de concert avec le Haut-Père, vont tenter de mettre fin au plan de Darkseid.
Mister Miracle n'est pas tout à fait mort. Son esprit a survécu et s'est transféré dans la boîte mère de Big Barda. La guerrière reprend espoir. Les préparatifs de Darkseid touchent à leur fin lorsqu'une escouade de Green Lanterns et de New Gods réussit à pénétrer le dernier carré. Darkseid les balaie, mais ailleurs, un Green Lantern en mission de sauvetage est assassiné. Son anneau de pouvoir devient vacant et se met à la recherche du premier porteur digne. Il va le trouver en la personne de Big Barda, qui, avec Mister Miracle, va vaincre Darkseid et détruire le Glas Oméga. Avant d'être réduit en poussière, Darkseid tente, en vain, de les avertir d'une menace sur l'univers.
Satellite de la Ligue, de nos jours. Tandis que les membres reviennent sur ces événements passés, le Green Lantern Hal Jordan les informe que la lanterne principale d'Oa perd de la puissance, sans que personne ne puisse ni l'expliquer, ni y remédier...

Les premières pages de cette histoire sont absolument excellentes. Le conflit entre New Genesis et Apokolips est cataclysmique et retrouver les personnages de Scott Free et Big Barda est toujours un réel petit bonheur. Mais malgré ces débuts prometteurs, Davis peine à ne pas s'embourber dans une intrigue qui devient rapidement compliquée. Comme dans le tome précédent, le scénariste fait intervenir beaucoup de personnages, sans doute trop, et le fil conducteur, à force d'être divisé, finit par s'emmêler. Vu la densité d'intervenants, la caractérisation des personnages reste superficielle et il sera sans doute préférable d'oublier cette planche grotesque où Batman glisse sur une peau de banane qu'un fantôme du Joker a sournoisement placée.
Quant aux dessins, Davis parvient à maintenir un niveau de qualité relativement élevé du début à la fin. "Relativement" seulement, car c'est irrégulier ; certaines planches sont spectaculaires, mais les visages ne sont pas forcément toujours réussis.

Jérémy Manesse réalise une très bonne traduction. Le texte ne comporte qu'une seule faute et une petite coquille. L'éditeur a ajouté les trois couvertures VO en bonus ainsi que - assez curieusement - des couvertures de la JSA réalisées signées Davis.

"Le Clou" partait d'un principe intéressant, celui d'un monde et d'une Ligue sans Superman, et se suffisait à lui-même. Malgré un bon début, "Le Clou 2" ne méritait sans doute ni une publication en version française, ni une sortie en album cartonné.

Mon verdict : ★★☆☆☆

Barbuz

samedi 5 mars 2016

Teen Titans : 1980-1981 (Panini Comics ; mars 2006)

En 2006, Panini Comics sortaient, dans leur collection Archives DC, le premier de deux tomes consacrés aux New Teen Titans de Marv Wolfman et George Pérez du début des années quatre-vingts. Ce recueil contient le "DC Comics Presents" #26 (octobre 1980) et les #1-8 de "The New Teen Titans" (novembre 1980 à juin 1981).
Il s'agit de la troisième mouture de l'équipe depuis la création du titre en 1964. C'est aussi un redémarrage à zéro, la série précédente ayant été arrêtée en 1978. Wolfman est au scénario, Pérez au dessin ; Curt Swan (1920-1996) illustre le #5. Dick Giordano (1932-2010) encre le "DC Comics Presents" #26 et Romeo Tanghal la plupart des autres numéros à l'exception du #3, encré par Frank Chiaramonte (1942-1983) et du #6 (Pablo Marcos).

New York. Robin se trouve devant le siège des laboratoires STAR, où une prise d'otages est en cours. Il s'élance vers l'entrée de l'immeuble, mais il est victime d'un bref malaise. Lorsqu'il se ressaisit, Wonder Girl (Donna Troy) est à ses côtés et l'invite à la réunion des Titans. Vaguement inquiet, Robin ne reconnaît ni le cadre, ni Cyborg, ni Starfire, les membres de l'équipe qui lui sont présentés. C'est alors que Raven entre en scène et informe les jeunes gens d'un danger ; un savant a découvert un autre univers et ouvert un portail d'où s’est échappé un dangereux protoplasme...
Une semaine après ces événements, Richard Grayson vient de faire le même cauchemar récurrent. Alors que, perturbé, il s'interroge, Raven apparaît dans sa chambre. Elle informe le jeune homme que des forces occultes sont à l'œuvre et que la situation exige la formation de l'équipe des Jeunes Titans. Elle le charge de réunir le groupe. Raven demande aux Titans d'intervenir dans un conflit entre extraterrestres : la princesse Kordiand'r (Starfire) s'est échappée des geôles gordianiennes et s'est réfugiée sur Terre, mais les esclavagistes sont à sa poursuite...
Plus tard et ailleurs, la RUCHE convoque Deathstroke le Terminator. Les représentants de l'organisation criminelle lui offrent un contrat sur la tête des Jeunes Titans. Deathstroke accepte, mais les parties ne parviennent pas à se mettre d'accord sur les modalités de paiement. La situation dégénère et la RUCHE tente d'abattre Deathstroke. Celui-ci réplique à sa façon, mais sans savoir qu'il a été manipulé...

Wolfman met en scène de jeunes super-héros réunis par Raven, une énigmatique sorcière, qui fait d'eux le dernier rempart contre les plans du démon Trigon. Si les intrigues imaginées par l'auteur sont captivantes, la caractérisation des personnages est remarquable. Raven, fille de Trigon, est une tragédie à elle seule, mais parvient à faire des Titans une équipe. Robin s'émancipe de Batman et va s'imposer comme leader du groupe. Cyborg, aigri, accuse son père d'être responsable de l'accident qui lui à fait perdre son humanité. Starfire est une extraterrestre que ses parents ont dû céder à des esclavagistes ; elle qui tente de s'adapter aux meurs humaines. Kid Flash est un jeune homme impulsif qui aspire à la normalité et qui éprouve des sentiments pour Raven. Wonder Girl, sœur adoptive de Wonder Woman, s'interroge sur ses origines. Changelin est un riche héritier qui tente de cacher une angoisse permanente derrière des plaisanteries puériles. Le ton de l'ensemble est relativement sombre, adulte, et la présence d'une certaine forme d'érotisme est surprenante pour l'époque.
Les dessins de Pérez, d'un classicisme superbe et intemporel, sont tout simplement parfaits. Les personnages sont particulièrement soignés et leurs visages sont expressifs (Raven en pleurs !). L'épisode dessiné par Swan est très (très) légèrement en dessous.

La traduction de Jérémy Manesse est plutôt réussie ; elle a le mérite de ne pas être littérale. La forme négative est cependant trop souvent omise et la relecture a malheureusement laissé filtrer plusieurs fautes (de mode ou d'accord, entre autres).

Ce recueil est une petite perle. C'est dans ces pages qu'ont été créés les personnages de Cyborg, Raven, Starfire ou Deathstroke - excusez du peu. Ces épisodes sont donc à découvrir de toute urgence, surtout le #6, "Dernier Sang" ("Last Kill"), qu'il ne faut pas hésiter à qualifier de véritable chef-d'œuvre de la bande dessinée super-héroïque. Une intégrale des aventures réalisées par Wolfman et Pérez serait bienvenue.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

mardi 1 mars 2016

La Nouvelle Frontière (tome 2) : "Les Hommes tombés sur Terre" (Panini Comics ; mars 2006)

En mars 2006, Panini Comics sortaient, dans leur collection "DC Heroes", "Les Hommes tombés sur Terre", le second des trois tomes de "La Nouvelle Frontière". En VO, cette mini-série de six numéros a été publiée sous le titre "DC: The New Frontier", entre mars et novembre 2004. L'album compte cent trente-six planches.
Cette saga consacrée à la transition entre l'Âge d'or et l'Âge d'argent dans l'univers DC Comics a été entièrement écrite et dessinée par Darwyn Cooke, connu notamment pour son travail sur "Catwoman" avec Ed Brubaker. Cooke encre ses propres illustrations, tandis que Dave Stewart réalise la mise en couleur.

Montréal, 1957. L'avion à réaction tournoie et finit par s'écraser, projetant les quatre membres de l'équipage dans toutes les directions. Le cascadeur à moto Matthew "Red" Ryan se réveille brusquement ; encore le même cauchemar... Il esquive les questions de sa compagne, enfourche sa moto et fonce dans la nuit...
Au même moment, sur la côté californienne, Hal Jordan et Carol Ferris finissent de dîner. La jeune femme tente de convaincre Jordan d'accepter de rejoindre son entreprise comme pilote d'essai...
À Knoxville, dans le Tennessee, des Klansmen pendent un homme noir et incendient sa maison. La corde, par un coup du sort, va céder. L'homme tombe à terre. Incapable de bouger, il ne peut qu'être témoin de l'incendie dans lequel périssent son épouse et leur fille. Il parvient à se relever et part en quête de vengeance...
À New York, Rick Flag coordonne une opération de la Force spéciale X, composée de Jess Bright, de Karin Grace et du Dr. Hugh Evans. Flag sonne la retraite, mais trop tard ; le docteur Evans est happé par un oiseau préhistorique géant qui va le briser en deux, mais pas avant qu'Evans ait pu faire exploser ses grenades...
À Gotham City, John Jones, alias J'onn J'onzz, le Limier martien, se rend au cinéma voir "Invaders from Mars" (1953). Il y découvre Superman dans un dessin animé puis s'émerveille lorsque les actualités présentent les exploits des Challengers de l'Inconnu, un groupe de super-agents composé d'Ace Morgan, Leslie "Rocky" Davis, Matthew "Red" Ryan et Walter Mark "Prof" Haley...
À Washington DC, à la Maison-Blanche, le président Eisenhower remet à Wonder Woman la médaille de Citoyenne d'honneur des États-Unis. Pleine d'enthousiasme, la princesse des Amazones se lance dans un discours enflammé auquel le vice-président Richard Nixon met fin de façon abrupte. Peu après, en aparté, Eisenhower laisse sous-entendre à Diana qu'elle est mise à pied et que ses services ne sont plus requis...

"La Nouvelle Frontière" est une saga majeure consacrée au passage de l'Âge d'or à l'Âge d'argent et à l'émergence de nouveaux super-héros. Darwyn Cooke nous conte la grande histoire du XXe siècle du point de vue des super-héros et c'est une réussite absolue. "Les Hommes tombés sur Terre" comprend de nombreuses références culturelles (au film "Invaders from Mars" ou à l'émission télévisée "See It Now", dont George Clooney s'est inspiré pour son film de 2005 "Good Night, and Good Luck"), folkloriques (au personnage de John Henry) et historiques (à la course à l'espace, à la lutte pour les droits civiques ou au tandem Eisenhower-Nixon) que le lecteur devra absolument décrypter afin de ne pas passer à côté de ce chef d’œuvre dense et riche.
Cooke dessine dans un style proche du dessin animé et met en image cette seconde moitié des années cinquante avec brio. L'action est d'une limpidité irréprochable. Cooke produit rarement plus de trois cases par page, toutes de dimensions identiques, ce qui crée une sensation de fluidité, d'autant que la narration est souvent décompressée. Le travail de l'artiste est minutieux, soigné, avec parfois un sens du détail stupéfiant (voir les huit cases dans lesquelles Flash, du plateau de l'émission "See It Now", s'adresse aux téléspectateurs par écran de télévision interposé ; le modèle de poste de télévision change à chaque case). Dave Stewart, le coloriste aux neuf Eisner, contribue, avec un indéniable talent, à la réussite visuelle de l'ensemble.

"La Nouvelle Frontière" est un incontournable couronné de plusieurs prix. Plus de dix ans plus tard, cette saga majeure attend patiemment sa réédition et une nouvelle traduction (celle de Khaled Tadil, correcte mais souvent littérale, étant perfectible).

Mon verdict : CHEF-D'ŒUVRE

Barbuz