Publié dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en juillet 2015, "Passé, présent, futur" est le sixième des neufs albums du "Batman" de la "Renaissance DC" ("New 52"), une démarche entreprise par DC Comics pour rafraîchir son univers, en 2011. Cet ouvrage format 17,5 × 26,5 cm à couverture cartonnée compte cent cinquante-cinq planches approximativement, sans inclure la douzaine de pages de bonus (une gamme de couvertures alternatives). Il englobe les versions françaises des "Batman" (volume 2) #18 à 20 de mai à juillet 2013, et 34 (d'octobre 2014, pourquoi est-il inclus ?) ; du "Batman Annual" (volume 2) #2, de septembre 2013 ; et enfin du "Detective Comics" (volume 2) #27, mars 2014.
Il s'agit d'un tome différent des précédents, très collaboratif ; énumérer tous les scénaristes et les dessinateurs y ayant travaillé serait fastidieux. Parmi les auteurs, Scott Snyder - forcément - et James Tynion IV. Parmi les artistes, Greg Capullo, Andy Kubert, Alex Maleev, Sean Murphy. Parmi les encreurs, Danny Miki et Sandu Florea. Le Mexicain Francisco Plascencia, Brad Anderson, Lee Loughridge et encore Matt Hollingsworth pour la mise en couleur.
À l'issue du tome précédent, Batman réussit à empêcher que Gotham City soit rayée des cartes par les chasseurs-bombardiers de l'US Air Force. Le Sphinx est arrêté, et incarcéré à l'asile Arkham.
Gotham City, la nuit. Harper Row est en volant de sa voiture ; elle tente de convaincre son frère, Cullen, qu'ils ont certainement autre chose à faire. Elle pourrait faire demi-tour ; ils commanderaient deux menus à emporter dans un restau chinois de qualité. Après ils regarderaient une émission de téléréalité à la maison. Cullen soupire. Comme si sa sœur était capable de rester devant la télévision. Il sait bien à quoi elle consacre ses soirées !... Elle essaie de s'expliquer, mais il coupe court à ses justifications. De toute façon, le pénitencier de Blackgate est en vue ; ils arrivent...
"Passé, présent, futur" peut être interprété comme une pause dans le travail de Snyder, qui vient d'écrire trois arcs pour la série. Cet album s'insère entre les épisodes de la "Renaissance DC" et "Batman Eternal". Il s'agit d'une compilation d'histoires courtes, la plupart en un numéro, dont la plupart peuvent-être lues indépendamment, hors continuité, malgré quelques références sans importance à "L'An zéro". Il sera néanmoins utile de savoir ce qu'il est arrivé à Damian dans "Requiem". À part ça, ces aventures de Batman se produisent au début de sa carrière de justicier, s'intercalent à la suite de l'ère Grant Morrison ou se déroulent dans le futur. La première est un appel - que dis-je : un vibrant hommage au courage et à la volonté ; c'est la plus émouvante de l'ouvrage. Dans la suivante, le personnage de Gueule d'argile permet à Snyder d'explorer son goût pour les fausses identités. Notons la brève apparition du Faucheur de "Batman: Year Two". Viennent ensuite deux récits peu intéressants qui s'inscrivent dans le registre de l'horreur et de l'épouvante, dont l'un avec Superman en vedette et l'autre qui évoque la responsabilité de Batman dans ce qu'est devenu l'asile Arkham. "La Terre des humbles" ("The Meek") est un fait divers aussi sordide que banal, mais sans originalité ni surprise. "Vingt-sept" ("Twenty-Seven"), extrait du "Detective Comics" volume 2 #27 de mars 2014, fait bien sûr référence au #27 de mai 1939, dans lequel fut créé le personnage du Chevalier noir. L'idée sous-jacente de cet épisode est que le justicier est éternel : si l'homme derrière le masque n'est pas immortel, l'idée qu'il représente - et pour laquelle il se bat - l'est bel et bien. Donc six histoires au total dont seulement trois sont satisfaisantes. Cet album se caractérise par le grand nombre d'artistes : six dessinateurs, sept encreurs et six coloristes. Inutile d'espérer ici la moindre cohérence visuelle. En forçant sur l'expressivité, Kubert se rapproche parfois de la caricature. Beaucoup se réjouiront de la présence du Bulgare Maleev, qui a suivi Brian Michael Bendis chez DC Comics. Capullo est dans une forme resplendissante, tout comme Sean Murphy, dans son propre style. L'Italien Matteo Scalera affiche un trait dans lequel se ressent l'influence de Bill Sienkiewicz.
La traduction est répartie entre Jérôme Wicky et Thomas Davier, qui sont à mon avis deux des meilleurs professionnels du circuit - si pas LES meilleurs. Le résultat est irréprochable et exemplaire : un texte soigné, qui ne comprend ni faute ni coquille.
"Passé, présent, futur" propose un chapelet d'histoires intéressantes, bien que certaines le soient moins que d'autres. Ce recueil manque d'un véritable fil conducteur ; il offre néanmoins un petit intermezzo bienvenu entre les arcs plus longs de Snyder.
Par curiosité, je suis allé regarder la composition du tome VO équivalent : il contient les épisodes 0, 8 à 20, 28, 34 et annuel 2. Je n'ai aucune idée de ce qui conduit Urban Comics, ou parfois Panini a recomposer un tome.
RépondreSupprimerOui, mais ça, c'est la première édition. Urban Comics publie aussi des formats "intégrales" qui compilent plus d'épisodes. Cette série-là, par exemple, passe de neuf volumes à cinq. Après, je ne sais pas si le contenu correspond à la VO ; j'en doute. Mais effectivement : personnellement, je suis surpris qu'Urban Comics dispose d'une latitude leur permettant de réagencer les tomes un peu comme ils l'entendent, avec certaines limites, je suppose. Pour quelle raison le font-ils, je l'ignore moi aussi.
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